Il faudra sans doute beaucoup de détermination et de persévérance à Miguel Angel Moratinos, ministre espagnol des Affaires étrangères pour mener une nouvelle tentative de médiation entre Alger et Rabat lors de la réunion des ministres des Affaires étrangères des pays 5+5 prévue à Malte le 15 avril prochain .
Le climat de tension savamment orchestré par la diplomatie algérienne connaît en effet un pic jamais atteint jusqu’ici, qui n’augure d’aucun résultat pour cette louable initiative, à l’exception d’une montée en puissance d’une animosité qui confine à une haine implacable, au point où certaines chancelleries, au vu du surarmement de notre voisin, craignent tout simplement un conflit armé.
L’agitation diplomatique algérienne, a pris des dimensions planétaires avec les comités de soutiens de jeunes, de femmes, de militants de tout acabit s’élargissant à l’échelle de l’Afrique, de l’Amérique Latine et bien sur de l’Europe où Alger par tout les moyens,tente de miner le statut avancé du Maroc, et les progrès enregistrés avec la proposition d’autonomie, en faisant pression auprès des députés européens sur les questions de la pêche, des droits de l’homme, de la redistribution des richesses…Tout observateur analysant les coups de boutoirs d’Alger remarquera que sa diplomatie ne prend même plus la peine d’utiliser des intermédiaires et agit directement de front, ramenant ce conflit à sa juste mesure, un conflit entre le régime algérien et le Maroc.
Qu’attendre dés lors de cette énième initiative de médiation, cette fois venant de Madrid ? Comment convaincre le président Bouteflika au « soir de sa vie » que sa politique mènera rapidement à la création d’un Kurdistan dans la région ? Que le coût de cette impasse qui pèse très lourdement sur les peuples du Maghreb mais aussi sur les pays de l’Europe du Sud risque également de plomber durablement cette région avec une résurgence de turbulences dans tous les pays des rebelles touaregs, sahraouis et autre membres de telles ou telles factions dans le sud de l’Algérie, au Mali, au Niger, au Tchad en Mauritanie… où la question saharienne déborde des frontières et où les groupes armés locaux allument les feux et les contre feux ?
Selon ses ambitions, le régime algérien a réussi jusque là à interférer dans les problèmes de la région et tente de réaliser des équilibres géographique et politique toujours selon son plan d’hégémonie, bénéficiant en cela des actions de l’ancien projet français de l’OCRS .Un projet qui à l’époque du colonialisme français, devait séparer l’Algérie de son Sahara n’eut été la solidarité de feu S.M. Mohammed V pour qui la solidarité avec le peuple algérien primait sur toute considération fut elle dans son intérêt. Un évènement récent qui risquerait de passer inaperçu prend aujourd’hui toute son importance. L’arrangement technique sur la duplication des archives conservées dans les Centres d’archives françaises, signé la semaine dernière à Rabat, entre le Haut commissariat aux anciens résistants et anciens membres de l’armée de libération et le secrétariat d’Etat français aux anciens combattants pourrait aider à comprendre ce passé récent mais aussi le présent.
Les archives sous forme de microfilms retraçant l’histoire franco-marocaine constituées de 6.153 vues sont mises à la disposition des chercheurs nationaux et Mr Ktiri a déclaré que « Le Haut commissariat avait dépêché, à cinq reprises, un groupe de chercheurs spécialisés qui a pu sélectionner et choisir quelque 520.390 pages/documents sur les 20 millions de documents conservés dans les Centres d’archives françaises ». La déclaration de l’ambassadeur de France mérite également que l’on s’y attarde .Pour M. Bruno Joubert, « Partager la mémoire, requiert l’appréhension de l’histoire qui représente un facteur de progrès pour l’avenir, a-t-il estimé, relevant qu’un tel partage est de nature à contribuer à faire face aux menaces qui guettent la liberté et les valeurs communes ». Cette histoire récente nous rappelle aussi deux chiffres clés avancés par l’administration coloniale et les historiens qui donnent à réfléchir : en 1920, la superficie des départements français d’Algérie était estimé à 575 000km2.A son indépendance en 1962, elle compte 2 400 000km2, la France y ayant rattaché la plus grande partie de l’Afrique saharienne française et du Maroc saharien oriental .Des chiffres que M. Moratinos devrait méditer en relisant l’histoire récente de notre région.
source : http://www.temoust.org/sahara-il-faut-revisiter-l,14186