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Manipulation saharienne

novembre 21, 2010

A la suite des graves incidents survenus le 8 novembre dans le campement Gdim Izik, près de Laâyoune dans le sud marocain, le Journaliste Frédéric Pons de l’hebdomadaire français « Valeurs actuelle », vient de livrer une analyse accablante impliquant sans aucun détour la responsabilité de l’Algérie dans les évènements.

Les graves incidents survenus le 8 novembre dans le camp de réfugiés sahraouis d’Edgim Izik, près de Laâyoune (sud du Maroc), s’expliquent par une manipulation des services algériens contre le Maroc.

Déclenchée à l’occasion du 35ème anniversaire de la Marche verte (6 novembre 1975), qui avait permis au royaume de récupérer la plus grande partie de l’ancien Sahara espagnol, cette flambée de violence (deux civils et une dizaine de policiers marocains tués) traduit la volonté d’Alger de torpiller la nouvelle réunion de l’Onu sur la proposition marocaine d’autonomie, tenue le 8 novembre. Ce même jour, des militants du Polisario, le mouvement sécessionniste sahraoui, dressaient le camp contre la police. Deux agents algériens infiltrés auraient été arrêtés.

 » L’objectif des fauteurs de troubles est créer un élément de déstabilisation et de saboter les négociations, tout en faisant porter au Maroc la responsabilité de tout échec « , expliquent Hassan Alaoui, directeur du quotidien marocain Le matin du Sahara, auteur de Guerre secrète au Sahara occidental (éditions Encre d’Orient), et Charles Saint-Prot, directeur de l’Observatoire d’études géopolitiques.

Dans cette affaire, l’Algérie n’est pas sereine. Principal soutien du Polisario, aidée par de puissants relais au sein de l’internationale gauchiste et communiste européenne, elle constate que la situation lui échappe : la communauté internationale se montre de plus en plus favorable au plan marocain d’autonomie ; Rabat et ses alliés marquent aussi des points sur le front de la sécurité, face à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) ; le Polisario subit enfin une grave hémorragie de militants, dont des figures historiques du combat sécessionniste. C’est le cas de Mustapha Salma Ould Sidi Mouloud, « inspecteur général de la police du Polisario », enlevé, disparu. Alger observe un silence gêné sur son sort et continue à interdire au haut-commissariat pour les Réfugiés l’accès aux camps sahraouis.

La dérive narcoterroriste du Polisario est un phénomène inquiétant pour l’avenir. Basés dans le sud algérien, équipés de 4×4 et d’armes, des « militants » du Polisario participent aux trafics clandestins entre l’Afrique noire et le Maghreb, à travers le Sahara. La France est directement concernée. Le noyau dur de ces trafiquants est en contact avec Aqmi, en guerre ouverte contre la France avec l’enlèvement d’otages français, retenus aux confins algéro-maliens. Le 2 novembre, le quotidien américain New York Post publiait une enquête de Richard Miniter faisant état de « liens établis entre 56 dirigeants politiques et militaires du Polisario et Al-Qaïda ». Jusque-là proche du Polisario, Miniter concluait ainsi son reportage : « le territoire sans loi du Sahara est en passe de devenir le prochain Afghanistan ».

Frédéric Pons
http://www.valeursactuelles.com/notre-opinion/notre-opinion/manipulation-saharienne20101118.html

Hassan II : « Tindouf faisait partie du royaume »

novembre 6, 2010

Un excellent article republié par l’hebdomadaire Jeune Afrique. C’est un article, archive pour l’histoire.

hassan II« Le drame du Maroc, c’est de n’avoir pas eu affaire à un seul colonisateur, mais à deux : les Espagnols et les Français ». Ainsi s’exprimait le roi du Maroc Hassan II, le 26 août 1985, dans une longue et exceptionnele interview accordée à notre collaborateur Hamid Barrada (J.A. n° 1299, du 27 novembre 1985). Dans ce texte, que nous re-publions aujourd’hui à l’occasion des 35 ans de la Marche verte, le roi explique la position du royaume chérifien sur le « Sahara occidental ». Un document historique.

C’est la première fois que le roi du Maroc s’entretient avec un journaliste marocain. La complaisance étant hors de propos, il ne restait qu’une familiarité commune avec l’affaire du Sahara qui s’est avérée particulièrement féconde, permettant d’aller au-delà des sentiers battus. L’entretien ne risquait-il pas toutefois de n’intéresser que les seuls initiés ? Le danger s’est trouvé écarté dans la mesure où le roi s’adressait précisément à un public profane et lointain. Ces déclarations ont été recueillies en effet pour figurer dans un film produit par l’Office national du film du Canada, qui doit s’insérer dans une série intitulée « Carnets du Maroc » du réalisateur Jacques Bensimon.

L’entretien s’est déroulé dans l’après-midi du lundi 26 août 1985 au palais de Skhirat, près de Rabat. Quelque deux heures avant le rendez-vous, l’équipe de l’ONF eut accès à l’immense salle du trône pour effectuer les préparatifs techniques. Un coin salon à droite paraissait mieux convenir à l’atmosphère décontractée, à la conversation à bâtons rompus qu’on souhaitait obtenir. A notre guise, nous procédâmes aux déplacements et déménagements devant les regards médusés des mokhazni (serviteurs du palais). Leur chef avait exigé qu’on se déchausse avant de pénétrer dans la salle du trône. Tel n’était pas l’avis de M. Abdelhaq Mrini, le directeur du protocole. S’ensuivit un docte échange entre les deux hommes dont nous n’avons pas attendu la conclusion — il faisait très chaud ! — pour obtempérer. La mise en scène achevée, quelqu’un a constaté que les deux interlocuteurs allaient fâcheusement bénéficier de deux fauteuils identiques, frappés de surcroît de l’écusson royal. On s’empressa de quérir un siège plus démocratique pour le journaliste.

Hassan II nous accueillit dans la cour couverte de tentures et donnant sur l’immensité de l’océan. En chemise rayée, pantalon rouille, sandales de toile, il « tomba » la veste assortie et nous demanda si son costume convenait : « C’est l’été, n’est- ce pas ? » Puis, sans plus tarder : « Allons-y ! » A l’intention de la cour, une vingtaine de dignitaires et de familiers, il lança sur un ton enjoué : « Vous pouvez assister à condition qu’on ne vous entende pas ! » Suivant le souverain, la cour s’ébranla pour s’asseoir des deux côtés d’une longue table installée à gauche. L’atmosphère n’était ni compassée ni solennelle. « Silence, on tourne ! » lança quelqu’un. Le roi taquina son conseiller, Ahmed Réda Guédira, qui toussait : « Tu fumes trop ! »

J’avais assisté à plusieurs conférences de presse de Hassan II. Mais rien ne remplace la perception débarrassée des aléas — et des parasites — de la distance. Entre le roi que j’avais devant moi et celui que j’imaginais, la disparité est astronomique. Il y aurait beaucoup à dire. On me permettra de m’en tenir à une chose. Ne serait-ce que parce qu’elle jure avec les contes et légendes qui circulent sur lui. Si Hassan II sacrifie à la tyrannie, c’est d’abord à celle qu’il exerce sans partage sur lui-même.
Visiblement, cet homme frêle et courtois s’assigne à chaque instant de gouverner son royaume intérieur pour être en mesure — pour mériter ? — de gou­verner l’autre. Pour tout dire, le vingt et unième représentant de la dynastie alaouite tient davantage du sage chinois que du prince arabe.

En soulignant ces traits qui sautent aux yeux, le souci de la vérité n’est pas seul en cause. Il y va aussi, me semble-t-il, des causes profondes du conflit du Sahara, lesquelles ont une connotation psychologique certaine.

Les voisins qui sont censés se connaître s’affrontent et s’étripent, parce qu’ils tournent le dos à leurs vérités respectives. Or Hassan II n’hésite pas à dire que le président Chadli « aime les Marocains ».

Il le tient visiblement en haute estime et rien ne le fera démordre de cette opinion qui s’assimile à une option stratégique. A l’en croire, le roi n’a pas désespéré de trouver un terrain d’entente avec Chadli.

Deux révélations donnent cependant la mesure de sa propre marge de manœuvre. Il confie en termes camuséens qu’il avait décidé, au cas où la Marche verte eût échoué, d’abdiquer. En second lieu, il lève le voile sur la parade du Maroc à la stratégie d’usure élaborée par l’adversaire. La guerre du Sahara s’est avérée une bénédiction du ciel. Disposant de l’armée « la plus opérationnelle en matière de guerre du désert », il entend jouer un rôle, si besoin est, dans cette région explosive et fragile à souhait.

Mais Hassan II n’est pas le shah d’Iran. Ses propos sur une éventuelle intervention des FAR (Forces armées royales) dans le Golfe nous paraissent à la fois comminatoires et didactiques à l’adresse de tous ceux qui croient que le conflit du Sahara, en s’éternisant, va entraîner l’effondrement de l’économie du royaume, et du royaume lui-même par la même occasion. Le roi signifie qu’il existe, à la réflexion, un bon usage de ce conflit — non seulement le Maroc s’en accommode fort bien, mais il peut en tirer profit. Donc disponibilité pour la paix avec l’Algérie telle qu’elle est si elle veut bien se convertir à une politique de bon voisinage, mais aussi option, s’il le faut, sur une guerre interminable qui révèle ses propres vertus.

Le roi met deux fers au feu afin d’être dans les meilleures conditions pour traiter. L’avantage c’est qu’on sait à quoi s’en tenir et l’on se prend à rêver : si Chadli pouvait, lui aussi, parler à cœur ouvert !


hassan IIUne du J.A. n° 1299, paru le 27 novembre 1985.
© J.A.

Jeune Afrique : Majesté, si vous aviez à raconter l’affaire du Sahara à un enfant, disons à votre petit-fils, comment vous y prendriez-vous ?

Hassan II : Une question difficile, ne serait-ce que parce que je n’ai pas encore de petit-fils ? En vérité, l’affaire du Sahara était d’une limpidité telle que, pour l’adversaire, il s’agissait de miner le chemin marocain de contre-vérités et de désinformation. Or, de nos jours, l’opinion publique, avec le matraquage constant de l’audiovisuel ou de la presse écrite, est plus sensible à ce qui n’est pas clair qu’à ce qui l’est. Alors, je vais essayer d’être le plus clair et le plus concis possible.

Le Maroc, de tout temps, n’a jamais réclamé que ce qui lui appartient. Ainsi Tindouf, par exemple, faisait partie intégrante du territoire marocain jusqu’au début des années cinquante, puisque, lors des cérémonies de l’Aïd El-Kébir et de l’Aïd Seghir, le pacha de cette ville — je l’ai vu de mes propres yeux — venait faire allégeance devant mon père. Mais, lorsque nous sommes partis en exil, le 20 août 1953, Tindouf, entre autres, nous a été enlevée pour être rattachée à l’Algérie. C’est que la France pensait que l’Algérie ne serait jamais indépendante. Après notre retour d’exil, l’ambassadeur de France au Maroc, M. Alexandre Parodi, est venu demander à mon père en substance : « Le général de Gaulle vous propose de constituer une commission pour discuter des frontières marocaines. » Mon père a répondu : « Il n’en est pas question. Je suis sûr, ajouta-t-il, que lorsque l’Algérie sera indépendante ses dirigeants nous rendront justice et accepteront d’en discuter avec nous. » Les choses se sont passées autrement : non seulement nos voisins et frères algériens n’ont rien fait pour discuter des frontières orientales, mais, à la première occasion, ils ont essayé d’empêcher le Maroc de récupérer son Sahara.

Si je parlais à mon petit-fils, je lui dirais tout simplement que ce Sahara a toujours été lié au Maroc par les liens de l’allégeance et que, chez nous, souveraineté et allégeance (beïa) sont une seule et même chose. Sans remonter au déluge, Moulay Hassan, mon arrière-grand-père, est allé jusqu’à Oued Noun. Il n’a pas continué plus au sud, mais il y a envoyé son chambellan porter les traitements mensuels aux hauts fonctionnaires de la région. Moulay Abdelaziz a chargé le même chambellan, qui a chevauché les deux règnes et vivait au palais jusqu’après la mort de mon père, de cette mission.

En vérité, le drame du Maroc, c’est d’avoir eu affaire à deux colonisateurs : les Espagnols et les Français. Si nous avions eu la chance de n’en avoir qu’un seul, nous aurions soldé de tout compte notre affaire du nord au sud. Malheureusement, il nous a fallu négocier le remembrement du Maroc morceau par morceau. Après la rétrocession par l’Espagne de Tarfaya [10 avril 1958] puis de Sidi Ifni [30 juin 1969], il ne restait que le gros morceau du Sahara. Nous avons introduit la question aux Nations unies au lendemain de notre indépendance. A l’époque, il n’y avait ni Algérie ni Mauritanie, et c’est plus tard que la notion de « partie concernée » ou « intéressée » est apparue. Le résultat est que ce qui était clair, limpide, ce qui aurait dû être réglé bilatéralement, comme le reste, entre le Maroc et l’Espagne est devenu comme d’un coup de baguette magique, je dirais maléfique, un sujet dont on fait un cas d’expansionnisme, de massacre, de génocide.

marche vertePendant la Marche verte, le 6 novembre 1975.
© Graeme-Baker / SIPA

Majesté, puisque c’est l’intrusion de l’Algérie qui est à l’origine de la complication de l’affaire du Sahara, pourquoi le Maroc n’a-t-il pas saisi l’occasion de l’accord frontalier de 1972 pour lier la question des frontiè­res à l’affaire du Sahara, de manière à amener le voisin à tenir ses engagements ? Et, lors de la guerre des sables en 1963, l’armée marocaine se trouvait devant Tindouf, pourquoi avez-vous ordonné au général Driss Ben Omar de battre en retraite ?

Je commencerai par la deuxième question. J’estimais qu’il ne fallait pas créer entre les deux pays un point de fixation morbide. En second lieu, Tindouf en elle-même ne m’intéresse pas. Elle est intéressante sentimentalement, mais elle ne constitue ni un nœud de voies stratégiques, ni un lieu de passage obligé. Vous me direz qu’elle contient du fer et c’est vrai. Mais ce fer est piégé : s’il ne passe pas par le Maroc, il ne peut passer nulle part. Enfin, aucune ville, marocaine ou algérienne, ne mérite une guerre. Je vous dirai plus, et qui est totalement inédit : je n’ai pas arrêté le seul général Driss, mais également le général Kettani. Il m’a dit : « Si Votre Majesté veut faire la prière à Oran vendredi prochain, nous y serons. » J’ai réponde : « Non, ce n’est pas la peine, puisque nous ne pouvons pas y rester ! » Non, vraiment, ce n’était pas la peine de creuser la tombe d’une amitié qui paraissait à l’abri de toute contingence.

Est-ce qu’un président algérien, dans une situation comparable, mais inverse (l’ar­mée algérienne devant Oujda), aurait donné le même ordre à ses généraux ?

Ce que je puis vous dire, c’est que les autorités algériennes ont osé mettre à la porte de l’Algérie, en 1975, quarante-cinq mille Marocains, dans des conditions effroyables. Voilà ce que les Algériens ont fait sur le plan civil ; sur le plan militaire, je ne sais pas.
Revenons à 1972…

En 1972, nous n’avions aucun problème avec l’Algérie. La position de Boumedienne était claire : il n’avait aucune prétention sur le Sahara. La Mauritanie faisait tout pour ne pas avoir de frontière commune avec le Maroc. Et cette hantise a habité les dirigeants mauritaniens jusqu’à la fameuse rencontre entre les présidents Ould Daddah et Boumedienne à Colomb Béchar [// novembre 1975]. Le président Boumedienne a cru bon d’injurier le président Ould Daddah. C’est à partir de ce moment que, de leur côté, le Maroc et la Mauritanie ont vécu plus qu’intimement. Auparavant, en octobre 1974, au cours du sommet arabe de Rabat, l’affaire du Sahara était venue sur le tapis et le président Boumedienne avait déclaré au nom de son pays : « Pour moi, il n’y a pas de problème au Sahara ; l’Algérie considère que cette affaire est purement maroco-mauritanienne, ni plus, ni moins. » Mais, par la suite, les dirigeants algériens ont sorti la thèse de l’autodétermination. « Les Sahraouis, soutenaient-ils, sont nos voisins. Nous ne pouvons pas parler du droit à l’autodétermination du peuple vietnamien, qui se trouve à dix mille kilomètres, et ne pas le défendre à nos frontières. » Tout est parti de là. C’est l’escroquerie du siècle !

Est-ce que l’affaire du Sahara n’a pas des soubassements psychologiques ?

Si c’était le cas, cela prouverait que nos voisins ne sont pas arrivés à la maturité voulue. S’il s’agissait d’une affaire psychologique, ce serait dramatique et très inquiétant pour nous. Je pense plutôt que les difficultés viennent de ce que nous devons apprendre à vivre ensemble. Jusqu’à présent Marocains et Algériens vivaient ensemble mais, si vous voulez, selon les lois de la nature, de l’histoire, du voisinage. Sans plus. Il y avait d’un côté un État marocain et de l’autre l’Algérie qui se trouvait sous la tutelle de la Sublime Porte et par la suite est passée sous l’occupation française. À la recherche d’un lieu musulman pour, justement, garder sa personnalité, le peuple algérien avait naturellement tendance à se rapprocher du Maroc. Aujourd’hui nous avons affaire, non plus au peuple algérien, mais aux autorités algériennes. Les choses changent…

 

marche vertePour Hassan II, la Marche verte était une idée d’« ancien manifestant. »
© Graeme-Baker / SIPA

Le Maroc a eu des contacts, des pourparlers ou des négociations avec l’Algérie. Sur quoi les choses ont-elles achoppé ?

Mais sur un point précis : le gouvernement algérien devait se sortir de la contradiction ou il s’était mis. Il avait affirmé qu’il n’avait pas de prétention sur le Sahara, qu’il ne faisait que réclamer l’application du principe d’autodétermination. Lorsque le Maroc a proclamé son accord sur l’autodétermination, les Algériens se sont retrouvés en porte-à faux, piégés par la réalité. Qu’ils laissent faire le référendum et l’affaire est perdue pour eux. Qu’ils le refusent et les voilà en contradiction avec eux-mêmes.

Ne croyez-vous pas que l’infiltration au Maroc de commandos « terroristes » en juillet der nier marque un changement de la stratégie algérienne ?

Ce n’est pas la première fois que les Algériens agissent ainsi ; ils l’ont déjà fait en 1973, et ce malgré nos bonnes dispositions à leur égard. En effet, en 1972, nous avons signé ensemble le traité sur les frontières qui attendait seulement d’être ratifié. Il n’y a avait pas de parlement à l’époque et j’avais dit au président Boumedienne : « Je peux ratifier le traité, constitutionnellement j’en ai les pouvoirs, mais je pense qu’il vaut mieux que vous ne passiez pas par la fenêtre, mais pas la grande porte. Les élections auront lieu en 1973 et je ferai ratifier le traité sur les frontières par le parlement. Ainsi vous serez à l’abri de toute contestation. » Or voilà que le 4 mars 1973, des commandos infiltrés à partir de l’Algérie parviennent jusqu’à Moulay Bouazza dans le Moyen-Atlas. Il a fallu envoyer contre eux des forces assez importantes. Il s’est avéré par la suite que certains services algériens avaient tout planifié et exécuté.

La grande différence entre les deux opérations est qu’en 1973 l’onjectif des commandos était de créer des désordres nominalement connus : nous savions qui allait tirer sur qui. Tandis que cette fois, il s’agissait de terrorisme dans ce qu’il a de plus affreux. On place une bombe dans un sac de papier ; avec un système de télécommande à distance, on la fait exploser sur une plage, un stade d’athlétisme ou de football, ou encore dans un cinéma, puis on se sauve comme un lâche en laissant des dizaines de victimes. Cela défie toute morale et même la simple virilité. Le Maroc n’a mis en cause que la Direction de la Sécurité militaire (S.M.), mais il est certain que ce n’est pas n’importe quel organisme et je souhaite que le président Bendjedid tire les conclusions qui s’imposent.

Je suis confiant parce que, quand il a été, pendant plus de dix ans, commandant de la région militaire d’Oran et qu’il avait sous son autorité la zone frontalière. Je peux le dire, le président Chadli aime les Marocains. Nous n’avons jamais eu de problème avec lui, même lorsque les choses allaient mal entre Alger et Rabat. Donc, j’espère que le président Bendjedid réagira afin que de telles choses ne se reproduisent pas. Sinon nous serons conduits à renvoyer la balle à l’Algérie. Nous pourrions le faire aisément, ce n’est pas le recrutement qui manque, mais je n’ai pas envie de jouer au tennis dans ce domaine !

Peut-on savoir qui est l’auteur des murs ?

Il n’y a pas d’auteur particulier. Nous nous sommes rendus compte que le Sahara n’était pas le Vietnam, par exemple. On peut passer partout, il n’y a guère de points de passage obligés. Il fallait donc mieux, dès qu’une localité était occupée et sécurisée, créer des points de passage obligés. Par la suite, constatant que ce que nous avons réalisé ainsi d’une façon empirique sur certaines zones donnait de bons résultats, nous avons envisagé l’édification des murs, englobant des points stratégiques particuliers. Le plus difficile a été de sécuriser le Sakiat Al-Hamra. C’est un fromage de gruyère avec des sommets qui vont jusqu’à 1200 mètres où l’on peut cacher des divisions entières. Après le mur de la Sakiat Al-Hamra, nous nous sommes occupés de la Hamada, avant de redescendre vers ce qui est plus facile.

Cette guerre n’est-elle pas une bénédiction dans la mesure où le Maroc, doté d’une armée désormais puissante, pourrait peser sur les affaires de la région ?

Je peux dire sans forfanterie que, sur le plan de la guerre du désert (je ne parle pas de la guerre dans les Ardennes ou dans les plaines européennes), l’armée marocaine est, sinon la meilleure, du moins la seule au monde vraiment opérationnelle.

Même si on la comparaît à l’armée israélienne ?

L’armée israélienne a fait des guerres du désert qui ont duré la plupart du temps huit, dix jours sur des distances courtes avec des objectifs ponctuels. Sans lui enlever ses mérites militaires, elle n’a jamais eu à conquérir, occuper et sécuriser l’étendue et la nature des territoires que nous sécurisons. La comparaison n’est pas fondée.

marche verteQuelque 350 000 Marocains participent à la Marche verte.
© Patrick Frilet / SIPA

Qu’auriez-vous fait en cas d’échec de la Marche verte qui, elle, si je ne me trompe, est votre œuvre ?

D’abord, la Marche verte n’est pas l’idée de Hassan II chef d’Etat, mais de Hassan II ancien manifestant, du jeune homme qui, en 1944, a manifesté comme tous ceux de sa génération. En 1975, j’ai pensé : pourquoi est-ce qu’on ne pourrait pas faire à nouveau une manif, une grande manif à l’échelle de 350 000 habitants ? Puis, je me suis dit : pourquoi exposer les gens à la mort ? Envoyons-les avec le Coran et le drapeau. Quel est le fou sanguinaire qui oserait tirer sur des hommes et des femmes désarmés ? Naturellement, j’avais envisagé l’échec et je dois vous dire que le jour où l’on m’a annoncé la réussite, que les marcheurs étaient rentrés du Sud, j’ai regardé mon pays d’un tout autre regard. J’avais l’impression d’y renaître, car, si la Marche verte avait échoué, j’avais décidé de le quitter…

Vous dites bien, le quitter ?

Oui, le quitter, car je n’aurais plus eu le courage moral de regarder en face le moindre de mes sujets et de mes compatriotes. Quand j’en parle aujourd’hui, je suis encore ému, car je sais ce que c’est que de quitter son pays. J’en ai été privé deux ans et demi, et vous connaissez l’attachement païen que j’ai pour ma terre, pour mon ciel, pour l’eau, pour les plantes de mon pays. J’avais pourtant envisagé de partir. Comme le prévoit la Constitution, le pouvoir aurait été dévolu au Conseil de régence durant la minorité du prince héritier. Mais, grâce à Dieu, nous sommes là.

Majesté, la Marche verte, les murs, tout cela a quelque chose de chinois… Vous faites la guerre sans oublier la paix…

Oui, dans l’Antiquité, il y avait une façon chez les Chinois de faire la guerre sans la faire. Il arrivait, comme le raconte Sun Tzu [dans l’Art de la guerre], que, deux grandes armées se trouvant face à face, les rois ou les empereurs en conflit faisaient l’économie de la guerre. Ils se rencontraient sous la tente, convoquaient leurs généraux et se contentaient de simuler les combats. « Bon, disait l’un, vous avez vos archers sur cette colline, moi j’ai mon infanterie ici ; vous avez votre cavalerie à droite, moi, mes chars à tel endroit. Alors, si je fais ce mouvement, qu’allez-vous faire ? — Dans ce cas, j’agirais de la sorte. — Mais si vous me contournez par mon aile droite, je peux foncer sur votre centre… » Et ainsi de suite. Ils faisaient la guerre comme avec des soldats de plomb. Lorsque l’un des deux l’avait emporté, le vainqueur était reconnu comme tel, le vaincu acceptait ses lois et la « guerre » prenait fin sans qu’une seule goutte de sang ait été versée…

marche verteLe principe de la Marche verte : lever une armée pacifique.
© Patrick Frilet / SIPA

Pourquoi n’avez-vous pas agi de la sorte avec Chadli quand vous l’avez rencontré le 26 février 1983 ?

Parce que jamais l’Algérie n’a considéré que c’était elle qui combattait !

Mais les Chinois sont très didactiques. N’y a-t-il pas moyen d’enseigner la paix à l’Algérie ?

Les Chinois sont les Chinois, les Nord-Africains sont les Nord-Africains, on n’y changera rien.

Le traité que vous avez signé avec le colonel Kaddafi, au mois d’août 1984, n’est-il pas surtout favorable à la Libye : Kaddafi a cessé son aide au Polisario qui, de toute façon, semblait perdant en échange d’une crédibilité dont il n’aurait peut-être jamais rêvé ?

Vous savez, lorsqu’on constitue une société commerciale ou un holding, on ne peut pas savoir si ce sera une affaire florissante avant deux ou trois ans. A plus forte raison lorsqu’il s’agit de deux États qui étaient aux antipodes l’un de l’autre, qui avaient à réapprendre à dialoguer, à échanger des idées, des biens et des personnes. Il est encore trop tôt pour faire le bilan du traité d’Oujda. En ce qui me concerne, si je m’étais rendu compte, au cours de cette année, que l’accord ne servait pas mon pays, je ne l’aurais pas renié, mais j’aurais demandé à l’amender.

Des particpants à la Marche verte brandissent les drapeaux marocains et américains.
© Patrick Frilet / SIPA

Le conflit du Sahara est-il un conflit local, régional ou un conflit ayant des tendances idéologiques et des dimensions planétaires ?

Ecoutez, je vais vous donner un point de vue géostratégique. Prenons les côtes de l’Afrique. Vous avez peut-être remarqué qu’il y a des problèmes partout où i! y a de longues côtes : Somalie, Angola, ou encore Maroc avec le Sahara. En règle générale, dès qu’il y a des milliers de kilomètres de côtes, il y a des problèmes. De là à dire que les Grands sont intéressés, il n’y a qu’un pas. De là à penser que les conflits ne font que refléter les convoitises suscitées par les richesses halieutiques entre riverains, il n’y a qu’un pas. En réalité, selon l’état d’esprit, l’humeur ou la spécialité de l’analyste, on a affaire à un conflit bilatéral, régional ou impliquant les deux Grands. Du reste, je poserai la question aux deux Grands, puisque je suis mandaté par le sommet arabe pour leur présenter la situation du monde arabe, ses volontés, ses espérances. Et je profiterai d’une parenthèse pour les interroger, comme cela, face à face, sur le problème du Sahara…

http://www.jeuneafrique.com/Article/ARTJAWEB20101106114203/hassan-ii-tindouf-faisait-partie-du-royaume.html

Sahara : il faut revisiter l’histoire

avril 5, 2010

Il faudra sans doute beaucoup de détermination et de persévérance à Miguel Angel Moratinos, ministre espagnol des Affaires étrangères pour mener une nouvelle tentative de médiation entre Alger et Rabat lors de la réunion des ministres des Affaires étrangères des pays 5+5 prévue à Malte le 15 avril prochain .

Le climat de tension savamment orchestré par la diplomatie algérienne connaît en effet un pic jamais atteint jusqu’ici, qui n’augure d’aucun résultat pour cette louable initiative, à l’exception d’une montée en puissance d’une animosité qui confine à une haine implacable, au point où certaines chancelleries, au vu du surarmement de notre voisin, craignent tout simplement un conflit armé.

L’agitation diplomatique algérienne, a pris des dimensions planétaires avec les comités de soutiens de jeunes, de femmes, de militants de tout acabit s’élargissant à l’échelle de l’Afrique, de l’Amérique Latine et bien sur de l’Europe où Alger par tout les moyens,tente de miner le statut avancé du Maroc, et les progrès enregistrés avec la proposition d’autonomie, en faisant pression auprès des députés européens sur les questions de la pêche, des droits de l’homme, de la redistribution des richesses…Tout observateur analysant les coups de boutoirs d’Alger remarquera que sa diplomatie ne prend même plus la peine d’utiliser des intermédiaires et agit directement de front, ramenant ce conflit à sa juste mesure, un conflit entre le régime algérien et le Maroc.

Qu’attendre dés lors de cette énième initiative de médiation, cette fois venant de Madrid ? Comment convaincre le président Bouteflika au « soir de sa vie » que sa politique mènera rapidement à la création d’un Kurdistan dans la région ? Que le coût de cette impasse qui pèse très lourdement sur les peuples du Maghreb mais aussi sur les pays de l’Europe du Sud risque également de plomber durablement cette région avec une résurgence de turbulences dans tous les pays des rebelles touaregs, sahraouis et autre membres de telles ou telles factions dans le sud de l’Algérie, au Mali, au Niger, au Tchad en Mauritanie… où la question saharienne déborde des frontières et où les groupes armés locaux allument les feux et les contre feux ?

Selon ses ambitions, le régime algérien a réussi jusque là à interférer dans les problèmes de la région et tente de réaliser des équilibres géographique et politique toujours selon son plan d’hégémonie, bénéficiant en cela des actions de l’ancien projet français de l’OCRS .Un projet qui à l’époque du colonialisme français, devait séparer l’Algérie de son Sahara n’eut été la solidarité de feu S.M. Mohammed V pour qui la solidarité avec le peuple algérien primait sur toute considération fut elle dans son intérêt. Un évènement récent qui risquerait de passer inaperçu prend aujourd’hui toute son importance. L’arrangement technique sur la duplication des archives conservées dans les Centres d’archives françaises, signé la semaine dernière à Rabat, entre le Haut commissariat aux anciens résistants et anciens membres de l’armée de libération et le secrétariat d’Etat français aux anciens combattants pourrait aider à comprendre ce passé récent mais aussi le présent.

Les archives sous forme de microfilms retraçant l’histoire franco-marocaine constituées de 6.153 vues sont mises à la disposition des chercheurs nationaux et Mr Ktiri a déclaré que « Le Haut commissariat avait dépêché, à cinq reprises, un groupe de chercheurs spécialisés qui a pu sélectionner et choisir quelque 520.390 pages/documents sur les 20 millions de documents conservés dans les Centres d’archives françaises ». La déclaration de l’ambassadeur de France mérite également que l’on s’y attarde .Pour M. Bruno Joubert, « Partager la mémoire, requiert l’appréhension de l’histoire qui représente un facteur de progrès pour l’avenir, a-t-il estimé, relevant qu’un tel partage est de nature à contribuer à faire face aux menaces qui guettent la liberté et les valeurs communes ». Cette histoire récente nous rappelle aussi deux chiffres clés avancés par l’administration coloniale et les historiens qui donnent à réfléchir : en 1920, la superficie des départements français d’Algérie était estimé à 575 000km2.A son indépendance en 1962, elle compte 2 400 000km2, la France y ayant rattaché la plus grande partie de l’Afrique saharienne française et du Maroc saharien oriental .Des chiffres que M. Moratinos devrait méditer en relisant l’histoire récente de notre région.

source : http://www.temoust.org/sahara-il-faut-revisiter-l,14186

Bouteflika ruine l’Algérie pour amoindrir le Maroc

janvier 11, 2010

Après plusieurs semaines de léthargie, Abdelaziz Bouteflika est parti en Espagne mettre encore plus à mal le statut géopolitique et les intérêts de l’Algérie pour satisfaire son ego personnel. Vestige encore vivant de la politique de guerre froide, Bouteflika continue de ligoter la diplomatie algérienne à sa phobie de la monarchie marocaine.

Dans la déclaration commune des travaux de Madrid du 7 janvier, on ne retient dans le verbiage diplomatique qu’un seul marchandage. Le bradage du gaz algérien contre une simple promesse de soutenir «le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui».

Pour arracher cette déclaration de principe qui ne coûte rien à Zapatero, Bouteflika a posé sur la table des négociations le gazoduc sous-marin Medgaz classé par l’Espagne comme projet prioritaire. Alors que les travaux sont pratiquement achevés, la mise en service du projet reste tributaire de deux dossiers lourds: le prix du gaz et la part qui revient à Sonatrach dans la commercialisation en Espagne et en Europe des 8 à 16 milliards de m3/an qui transiteront à terme par ce gazoduc. (1)

Même le lourd contentieux de Gassi Touil, qui coûte à l’Algérie un retard considérable, a été pardonné et balayé d’un revers de main. On rappelle que ce mégaprojet gazier intégré GNL, initialement confié aux firmes espagnoles Repsol et Gaz Natural, avait été saboté. Les espagnols voulaient retarder sa réalisation tant que le gazoduc Medgaz ne serait pas opérationnel et les contrats de livraison sécurisés.

On ne sait toujours pas quelle est la part du gaz dans les recettes d’exportation d’hydrocarbures. L’indexation de son prix sur celui du pétrole cause à l’Algérie des fluctuations perturbantes et des pertes énormes que personne n’a pu chiffrer, en raison de l’opacité de gestion de Sonatrach, le secret des contrats commerciaux et l’absence totale de débat sur ce sujet sensible. Bouteflika et son ministre de l’énergie Chakib Khellil ont même contrarié la proposition russo-iranienne de créer une OPEP du gaz pour définir et défendre une stratégie de prix. (2)

José Luis Rodriguez Zapatero, qui entame son semestre à la présidence de l’UE, est placé en première ligne pour négocier au mieux les intérêts gaziers de l’Europe. Il est donc prêt à signer des deux mains n’importe quelle déclaration que lui demandera Bouteflika, même sur l’autodétermination des aborigènes d’Australie ou des pingouins de l’Antarctique.

Comme le cadeau gazier ne suffit pas, la déclaration de principe relève que «l’Espagne est devenue l’un des investisseur de référence en Algérie et souhaite stimuler davantage les investissements espagnols dans des secteurs moteurs de développement en Algérie». Bouteflika souhaite que «les entreprises espagnoles participent et s’impliquent dans le vaste programme national algérien d’équipements publics 2010-2014», c’est-à-dire jusqu’à la fin de son mandat. Le peu d’hommes politiques et de parlementaires conscients en Algérie se doivent de dénoncer le bradage du gaz et des intérêts algériens dans une opacité totale, et remettre en cause ce que cache cette déclaration de Madrid.

En fait, Bouteflika n’a qu’une seule obsession: que l’ex-colonisateur espagnol et voisin maghrébin l’accompagne dans le combat de sa vie contre son pays natal pour que le Maroc continue à souffrir.

Il est tellement honteux de son origine marocaine qu’il a effacé son lieu de naissance, Oujda, qui était auparavant mentionné dans sa biographie sur le site de la présidence algérienne (www.elmouradia.dz).

Il a lié la politique énergétique de l’Algérie au destin de quelques enturbannés d’un Polisario fantôme présidé depuis 33 ans par un marocain, et dont la plupart des membres fondateurs ont réintégré le royaume.

Saâd Lounès

Algérie : Ce grand pays des droits de l’homme !!

décembre 19, 2009

Actuellement, le régime algérien mène une campagne à grande échelle pour faire passer le Maroc pour une grande dictature. L’avalanche des articles dans les médias algériens et les conférences successives organisées à Alger consacrés aux droits de l’homme dans les provinces marocaines du sud, laissent à penser que ces provinces vivent au rythme des arrestations, des tortures et où l’Etat de droit a cédé place à l’arbitraire. Cette exploitation du thème des droits de l’homme par l’Algérie laisse perplexe pour deux raisons. Ce pays s’indigne des « graves violations des droits de l’homme au Maroc », alors qu’il est loin d’être une référence en la matière. Bien au contraire, actuellement parmi les pires violations des droits de l’Homme dans le monde sont enregistrés en Algérie. Aucune ONG ne peut s’aventurer en territoire algérien. La connivence de certaines organisations algériennes censées  défendre les droits de l’homme en Algérie avec le régime en place était manifestement flagrante lorsque le président de la commission consultative pour la promotion et la protection des droits de l’Homme, Farouk Ksentini, déclarait en avril 2008 : « Comment peuvent-ils nous demander le moment où nous permettrons aux délégués de la commission onusienne de visiter l’Algérie ? L’Algérie n’est pas un gourbi, où quiconque peut venir à n’importe quel moment ».  Cette déclaration a été faite au moment même où la police tabassait les médecins et les fonctionnaires en plein centre d’Alger.

Durant la guerre civile meurtrière qui ravage le pays depuis les années 90 et qui est décrite par l’ex-officier algérien Habib Souaïdia dans son livre « la sale guerre », plus 200 000 personnes avaient été tuées. Des dizaines de milliers d’entre elles étaient des civils, hommes, femmes et enfants, qui sont morts lors d’attaques meurtrières. Des milliers de personnes ont été torturées en détention. Des milliers d’autres ont disparu après leur arrestation par les forces de sécurité ou ont été enlevées par des groupes armés et exécutés sommairement. Sous prétexte de la lutte contre le terrorisme, le champ est libre à toute forme de tortures et aux liquidations physiques. Plusieurs témoignages de villageois concordants rapportent que plusieurs massacres ont été perpétrés par des militaires ou des paramilitaires déguisés en islamistes.
Dans la grande majorité des cas, les autorités n’ont rien fait pour éclaircir les circonstances des crimes et traduire leurs auteurs présumés en justice. Mais, il est difficile de demander à un régime d’éclaircir certains crimes, lorsque ce même régime est soupçonné de fermer les yeux, de contribuer ou d’organiser ces crimes. Actuellement, le régime algérien cherche désespérément à couvrir les soldats criminels qui ont assassinés les moines de Tibéhirine. Ces moines ont été enlevés dans la nuit du 26 au 27 mars 1996. Seules leurs têtes avaient été retrouvées, le 30 mai 2009. Au lieu de traduire les criminels devant la justice, le régime algérien a une explication toute faite qui ne convainc personne. Il attribue ce massacre au Groupe islamique Armé (GIA) de Djamed Zitouni.

En 2005, le président algérien Abdelaziz Bouteflika a fait passé une proposition  d’une amnistie générale, vendue sous le label de la « réconciliation nationale »,  pour les auteurs d’atteintes aux droits humains commis lors de la guerre civile. Son but était de racheter la paix à tout prix sur la base d’un calcul purement électoral quitte à priver définitivement les victimes et leurs familles de leur droit à la justice. Bouteflika a ainsi empêché des notions de justice et de responsabilisation devenir des éléments de la transition vers la paix, faisant de la violation des droits de l’homme une variable intrinsèque dans la mode gouvernance du pays. En avril 2005, plusieurs organisations internationales de défense des droits humains notamment Amnesty International, Human Rights Watch, le Centre International pour la Justice Transitionnelle, la Commission internationale de juristes et la Fédération internationale des Ligues des droits de l’homme, ont protesté contre cette proposition, mais cela n’y a rien changé. Bouteflika a amnistié des assassins et des violeurs, mais l’Algérie n’a jamais retrouvé la paix. Les massacres d’algériens sont encore quotidiennes, mais elles n’intéressent plus les médias internationaux et sont reléguées aux faits divers dans les médias nationaux.

S’exprimant dans le cadre d’une conférence organisée en février 2009 à Naples (sud d’Italie) pour débattre de la situation des droits de l’Homme dans les pays du Maghreb, Madame Nassera Merah, responsable au sein de la Ligue Algérienne des Droits de l’Homme, affirmant que la pratique de la torture est très répandue en Algérie. Elle a indiqué que « tous les droits sont bafoués en Algérie et il n’y a aucune possibilité de protester ou de faire prévaloir le droit, et que la démocratie de façade est en vigueur ». La militante algérienne a fait savoir que sa ligue fait l’objet de pressions à l’intérieur du pays qu’elle est interdite de visiter les prisons et de prendre contact avec les délégations étrangères.

Ce triste registre algérien ne s’arrête pas là. A Tindouf dans le sud ouest du pays, ce sont des milliers de marocains éparpillés dans des camps à perte de vue. Dans ces camps l’humanité a cessé d’exister. Des hommes et des femmes à qui on a volé la jeunesse. Des enfants, des adolescents et des jeunes qui n’ont aucun avenir. Tout ce monde s’observe et attend… quoi ? … rien … de qui ? de personne.

Peut être six œufs et un kilo de riz par semaine de la part des organisations humanitaires complices de ce drame par leur silence. Ces populations sont privées de leurs droits les plus élémentaires dont le droit à la liberté de mouvement. Elles sont entre les mains d’un régime sans scrupule qui les présente comme des victimes de « l’occupation marocaine au  Sahara occidental ». Tindouf c’est une prison à ciel ouvert où les vivants enterrent leurs morts en attendant leur propre tour, sans aucune possibilité de la quitter sans se faire tirer dessus. Seuls les enfants quittent provisoirement les camps pour faire de la charité en Europe ou pour les camps d’endoctrinement à Cuba. Les ONG qui brillent par leur tapage lorsqu’il s’agit des affaires médiatisées dans le monde ne se bousculent aux portes de Tindouf. Elles sont incapables d’organiser un simple recensement ne serait ce que pour rationaliser les aides qu’elles fournissent. Ces aides qui se retrouvent curieusement sur les étalages des marchés d’Alger et non dans les assiettes de ceux à qui elles étaient destinées. Ces organisations se contentent visiblement de cette situation avec une impression du devoir humanitaire accompli.

Dans ses rapports annuels, à propos de la situation des droits de l’homme Amnesty International, fait souvent état de graves violations dans les camps de Tindouf. Cette organisation accuse le régime algérien de son acharnement à verrouiller l’accès aux camps pour les défenseurs des droits de l’homme internationaux, de sa volonté délibérée à maintenir le black-out sur les violations en séries des droits de l’homme sur son territoire, et de ses manquements en matière de la protection des réfugiés.

Les témoignages des réfugiés qui ont fui les camps et des anciens détenus marocains libérés sous la pression internationale dépassent l’imagination. Sur une vidéo qui circule sur le net un ancien prisonnier marocain, Abdellah Lahmani, qui a été enlevé par un commando armée près d’Agadir au Maroc et qui a été détenu dans les camps durant 23 ans, raconte l’implication directe des officiers algériens dans les rapts et la torture des détenus marocains. En une seule phrase il a résumé ce qui se passe dans ces camps de la honte : « je n’ai jamais imaginé que des hommes pourraient atteindre un tel niveau de barbarie », faisant référence à son propre calvaire qu’il raconte avec beaucoup de dignité. Son souhait est de traduire les officiers algériens responsable de sa torture devant un tribunal international.

Si les témoignages des réfugiés qui ont fui les camps et des anciens détenus marocains libérés racontant les mêmes atrocités n’ont généralement pas beaucoup d’écho au niveau international, un documentaire de deux journalistes les australiens, Violeta Ayala et Daniel Fallshaw, a fait le tour du monde. Sans doute parce que la parole d’un journaliste occidental qui raconte ce qu’il a observé vaut mieux que celui d’un marocain qui raconte ce qu’il a vécu. Toujours est-il que ces deux journalistes qui sont partis à Tindouf pour réaliser un film documentaire sur les familles séparés, ont été surpris par des scènes d’esclavage. Leur documentaire a ainsi pris un tournant inattendue pour témoigner d’une réalité actuelle moyenâgeuse cruelle. Ils ont ainsi pu recueillir de nombreux témoignages confirmant l’existence de cette pratique à grande échelle.  Le Polisario espérait sans doute un documentaire de propagande supplémentaire. Les deux journalistes ont été arrêtés par la sécurité du Polisario, mais ont été finalement libérés après intervention du ministère australien des affaires étrangères.

Il est donc difficile d’accorder un quelconque crédit en matière de défense des droits de l’homme à un pays au registre si peu glorieux et qui traîne avec lui l’image désastreuse d’un des régimes les plus sanguinaires de la planète. Un régime où l’histoire, la morale et la pudeur n’ont aucun poids pour représenter un obstacle devant les déclarations calamiteuses. Aussi, Mourad Medelci (ministre des affaires étrangères algérien) n’a pas hésité à évoquer dernièrement, devant le Conseil des droits de l’homme (CDH), des prétendues violations de droits de l’homme au sahara marocain, se préoccupant ainsi du sort des marocains mais oublie le sort des siens.

Le cynisme atteint son paroxysme lors de la mobilisation générale du régime algérien dans l’affaire de la séparatiste marocaine Aminatou Haïdar. Cette mobilisation n’a pas laissé indifférent Hocine Aït Ahmed, fondateur et président du Front des Forces Socialistes (FFS) (parti de l’opposition algérien). C’est l’un des icônes de la scène politique algérienne connu par son intégrité et par son franc-parler. Le 09 décembre 2009, il interpelle les instances onusiennes en adressant une lettre à Navanethem Pillay, haut-commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme au sujet du sort réservé aux militants des droits de l’homme dans son pays. Dans cette lettre il s’indigne du silence complice de cette organisation et accuse l’Union Européenne de fermer les yeux sur les graves violations des droits de l’homme dans son pays. Hocine Aït Ahmed se dit victime d’un harcèlement policier, administratif et judiciaire permanent. Il accuse son pays d’user d’un double langage en faisant référence à la mobilisation générale au niveau national et international du régime algérien pour défendre la cause de Aminatou Haïdar et en même temps le peuple algérien est empêché de s’exprimer librement. Hocine Aït Ahmed va encore plus loin en affirmant que les représentations diplomatiques dans son pays sont sous contrôle. Ce silence onusien et européen contraste avec l’hyper activisme de l’UN et de l’EU au Maroc au sujet des droits de l’homme au Maroc.

Adil B.

Algérie : Un boomerang appelé Aminatou Haïdar

décembre 18, 2009

L’Algérie voulait faire de l’Affaire de Aminatou Haïdar une charge contre le Maroc en matière des violations des droits de l’homme, cette affaire s’est transformée en fin de compte en une confirmation de la souveraineté marocaine sur ses provinces du sud. Dans la nuit du 17 au 18 décembre cette femme a été autorisée à revenir au Maroc. Le Maroc a non seulement réussi à ce que cette femme accomplisse les formalités en vigueur pour accéder au territoire marocain, reconnaissant ainsi sa marocanité et la marocanité du sahara marocain, mais a pu obtenir une confirmation supplémentaire de la part de la France dans sa reconnaissance de la marocanité du sahara et un engagement supplémentaire de la part de l’Espagne dans son adhésion en faveur de la proposition marocaine de l’autonomie sous souveraineté marocaine.

En effet dans un communiqué de l’Elysée rendu public, le président français Nicolas Sarkozy, qui a de toute vraisemblance joué un rôle décisif dans le dénouement de cette affaire, précise que « la législation marocaine s’applique au sahara » et exprime son vœu que le Maroc puisse « remettre à Madame Aminatou Haidar son passeport marocain à son arrivée sur le territoire du Royaume ». Le président français précise donc bien que cette femme sera à  Laâyoune, en territoire marocain où s’applique la législation marocaine. Cela nous rappelle les mêmes tournures linguistiques diplomatiques d’un certain Jacques Chirac qui parlait des provinces marocaines du sud.

L’Espagne qui était tentée par le forcing en début de cette affaire a publié un communiqué d’une très grande portée et qui ne laisse aucun doute de son alignement sur la solution proposée par le Maroc. « Pendant que l’on trouve une solution au contentieux du Sahara et en conformité avec la position des Nations Unies, l’Espagne constate que la Loi Marocaine s’applique au Sahara » précise le communiqué espagnol. L’Espagne a en outre profité de ce communiqué pour donner une réponse sans équivoque à l’Algérie et aux autres parties qui ont manœuvré durant cette affaire pour nuire aux relations entre l’Espagne et le Maroc. « Le gouvernement d’Espagne salue la politique de modernisation et de réformes entreprises par les autorités du Royaume du Maroc et s’engage à l’accompagner. Dans ce sens, le gouvernement réaffirme sa volonté d’approfondir sa coopération dans le cadre du statut avancé convenu entre l’Union Européenne et le Maroc », conclut le communiqué.

La France et l’Espagne renvoient donc l’Algérie à cette amère réalité qu’elle n’arrive pas encore à digérer, et au passage ils donnent une belle leçon à la Suède qui a cru pouvoir profiter de son passage à la présidence de l’EU pour régler ces comptes avec le Maroc. Ce pays est l’un des grands pourvoyeurs en fonds en en logistique au Polisario. Il a l’air de confondre soutien humanitaire et soutien au terrorisme. Ses collisions avec le Maroc sont récurrentes. En novembre dernier le Maroc a expulsé la conseillère de l’ambassade suédoise à Rabat, Anna Block-Mazoyer, qui a été impliquée dans une affaire portant atteinte aux intérêts du pays hôte. Elle a transmis un document diplomatique à des éléments séparatistes, liés à l’Algérie et au Front polisario. Par la suite, ce document s’est retrouvé naturellement entre les mains de ces derniers. Dans l’affaire Aminatou Haïdar, la Suède s’est précipitée d’envoyer une sommation au Maroc en l’invitant à collaborer avec l’Espagne.  Le communiqué de la France et  celui de l’Espagne lui ont fait comprendre que l’on ne traite pas avec le Maroc avec une telle légèreté, et que sa vision tronquée du Monde est loin de l’aider à comprendre des sujets aussi complexes que celui du sahara marocain.

Adil

Maroc-Algérie:Le clan d’Oujda a perdu la bataille du Sahara marocain

novembre 12, 2009

Par Saâd Lounès
Journaliste algérien
http://www.pressealgerie.com/lequotidiendalgerie.htm

Le dernier refoulement d’un avocat et de journalistes marocains à l’aéroport d’Alger est une grave erreur diplomatique. Il ne reste plus à Bouteflika et au clan d’Oujda que des bavures policières pour exprimer leur vision autoritariste sur la question du Sahara Occidental.

Ce conflit inutile engagé à la hussarde par Boumediene, après le coup d’Etat manqué et la mort de son ami le général Mohamed Oufkir en août 1972, n’a en fait été qu’un prétexte de déstabilisation de la monarchie alaouite. (1)

Face à l’adversité du pouvoir socialiste algérien et ses alliés de l’opposition marocaine, Hassan II avait réussi à consolider son trône. Après 10 ans de règne, Mohamed VI a fait du Maroc un «modèle à suivre pour l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient» selon les termes de la secrétaire d’Etat Hillary Clinton au Forum de l’Avenir à Marrakech devant un parterre de diplomates du monde entier.

Le Maroc n’en finit plus d’engranger les bénéfices d’une nouvelle stratégie pragmatique et conquérante initiée depuis le lancement des négociations directes avec le Front Polisario sous l’égide de l’ONU en juin 2007.

Paradoxalement, c’est en utilisant les méthodes algériennes que le Maroc a pu avancer de manière spectaculaire dans la résolution du conflit à son avantage par une gestion efficace du renseignement et l’intégration des clientèles sahraouies dans le jeu politique national.

La bataille du renseignement

En nommant son camarade de classe et ami d’enfance Mohamed Yassine Mansouri à la tête de la DGED, le roi a changé la donne qui présidait jusqu’alors au sein des services secrets marocains. Civil et technocrate, Mansouri suit une feuille de route stratégique d’action en avançant une à une ses pièces sur l’échiquier sahraoui pour mettre en échec la partie algérienne, la seule qui s’oppose à un règlement définitif du conflit.

Mansouri agit sur plusieurs cibles pour désosser le Polisario et retourner contre l’Algérie ses principaux atouts qu’étaient le Front et les camps de Tindouf. En participant à toutes les phases de négociation de Manhasset, Mansouri effectue un travail de sape pour retourner les dirigeants sahraouis.

Il a également réussi un coup de maître surprenant en envoyant pour la première fois dans les camps de Tindouf une mission d’information et de renseignement sous couverture de presse. Un journaliste et un photographe d’un hebdomadaire marocain ont pénétré dans les camps de Tindouf et publié un reportage en été 2008. (2)

Ils y ont aussi recueilli une somme de renseignements et de photos très utiles pour dénoncer auprès des instances onusiennes les conditions de «séquestration» des sahraouis par les autorités algériennes.

Conforté par le soutien de tous les pays arabes, parachevé dernièrement par la reconnaissance libyenne de la marocanité du Sahara, Mansouri utilise à fond la carte maîtresse mauritanienne. Outré par le mépris que lui a manifesté Bouteflika, le nouveau président mauritanien Mohamed Ould Abdelaziz se dévoue pour la cause marocaine et œuvre à la reddition des chefs du Polisario en recevant très souvent le patron de la DGED.

Sur le plan intérieur, de plus en plus de sahraouis sont intégrés sur la scène politique nationale. Les stratèges marocains ont dernièrement réussi un coup de maître en portant à la présidence de la Chambre des Conseillers, un médecin sahraoui Mohamed Cheikh Biadillah, dont le propre frère est Brahim Ahmed Mahmoud Biadillah, dit «Gregou», responsable de la 2ème région militaire et ancien chef de la sécurité militaire du Polisario, qui figure en bonne place sur une liste de tortionnaires du Polisario. (3)

C’est un signal très fort auquel ne sont pas insensibles les notables sahraouis qui y voient un appel à une course à toutes les investitures dans le train du dynamisme politico-économique marocain. Entre la prospérité du destin national de Mohamed Cheikh, et l’éternelle attente l’arme au pied du «Désert des Tartares» de Gregou, le choix est vite fait.

D’autant que le projet royal d’Autonomie prévoit une amnistie pour les combattants sahraouis. Une autre façon d’imiter les algériens en laissant indéfiniment ouvertes les portes de la réconciliation.

Le désastre diplomatique de Bouteflika

Face à cette cascade de succès marocains, on ne peut que s’interroger sur l’anesthésie qui frappe le pouvoir algérien. L’explication est double.

Tout d’abord ce conflit n’a jamais reçu d’adhésion populaire, les algériens se contrefichent de cette histoire de Sahara. Hormis un FLN moribond qui ne s’exprime sur ce lourd héritage que du bout des lèvres, les partis politiques ont ouvertement déclaré leur désaccord sur la position algérienne et n’ont aucun contact avec le Polisario. C’est ce qui a encouragé la témérité de l’Association du Sahara Marocain à venir en Algérie même faire du lobbying pour la résolution du conflit.

Ensuite, la gestion du Polisario a toujours été une chasse gardée du clan d’Oujda dirigé par le couple Boumediene-Bouteflika et les chefs de la Sécurité Militaire. Après la mort de Boumediene et la mise à l’écart de Bouteflika et Kasdi Merbah, patron de la SM, c’est le général Larbi Belkheir qui s’est accaparé de ce dossier stratégique et lucratif où s’entremêlent diplomatie parallèle, fonds secrets et commerce d’armes.

Depuis la disparition mystérieuse de Belkheir, très malade selon sa famille ou décédé selon d’autres sources, on ne sait plus qui est vraiment en charge de ce dossier. Le très efficace chef du contre-espionnage, le général Smaïn Lamari qui gérait le Polisario sous les ordres de Belkheir, est décédé en été 2007 sans qu’on sache vraiment qui l’a remplacé.

De plus en plus isolés à l’intérieur comme à l’extérieur du pays, Bouteflika et son clan d’Oujda ont définitivement perdu la bataille du Sahara Occidental. La dernière gifle retentissante qu’a reçu Bouteflika vient de son ami Khaled qui, après avoir exprimé publiquement ses griefs contre l’anti-marocanisme du gouvernement algérien, a entériné la marocanité du Sahara en allant chanter au dernier festival du dromadaire à Laâyoune.

Placé en situation d’échec et mat par la maîtrise d’œuvre marocaine et la péremption politique de Bouteflika, il ne reste au pouvoir algérien qu’une porte de sortie dans ce conflit. Abandonner son intransigeance, laisser le Polisario négocier librement, seul et sans aucune contrainte, fermer les camps de Tindouf et ouvrir les frontières avec le Maroc.

Saâd Lounès
http://www.pressealgerie.com/lequotidiendalgerie.htm

La marocanité du Sahara: la preuve par histoire

novembre 15, 2008

la preuve par histoire

La marocanité du Sahara : la preuve par histoire

« Je suis historien et je travaille à la manière de Braudel, sur la longue durée, sur les siècles du passé qui éclairent l’histoire présente et l’histoire future ». Bernard Lugan qui a participé au colloque sur le dossier du Sahara tenu par le Concil foreign relations et l’American Moroccan institute dirigé par Mokhtar Ghambo, éclaire l’histoire du Maroc avec ses constances, et ses évolutions. Auteur de « L’histoire du Maroc » publié en 2000, originaire lui-même de Meknès où il est né, il explique pourquoi dans la longue durée, l’histoire explique les faits.

Vous êtes connu comme étant un grand spécialiste de l’histoire de l’Afrique. Après la parution de « Histoire d’Afrique du Sud », « Histoire du Rwanda », « Histoire d’Egypte », vous publiez « Histoire du Maroc ». Quel intérêt portez-vous au Maroc et pourquoi?

Bernard Lugan: J’ai un lien affectif très fort avec le Maroc, puisque je suis né à Meknès plus précisément. Mais je suis aussi spécialiste de l’histoire d’Afrique Noire et je me suis rendu compte que tout l’ensemble sahélien sur lequel je travaille, était un ensemble rattaché par des bandes verticales au monde méditerranéen.

Il y avait en fait deux ensembles de rattachement. L’Egypte avec la Vallée du Nil et à l’Ouest le Maroc avec le Sahara et les grandes pistes du commerce transaharien. En travaillant sur ces deux ensembles et sur une longue durée historique de douze siècles, j’ai réalisé que tout le monde ouest-africain était tourné vers la Méditerranée.

Il était tourné vers le Cône du Détroit de Gibraltar puisqu’au XVème siècle, il était partie prenante dans les affaires de la Méditerranée occidentale. Al Andalous existait et le commerce transaharien franchissait le Détroit de Gibraltar et était ventilé vers la péninsule ibérique et une partie de l’Europe occidentale. Du Fleuve Sénégal jusqu’à Tolède, on avait un même ensemble autour du Maroc.

Revenons si vous le voulez bien à ces bandes verticales qui relient le monde sahélien au monde méditerranéen et qui représentent pour beaucoup d’historiens et d’observateurs une clef qui permet de comprendre le dossier du Sahara. Comment s’exerçait l’influence de l’Etat marocain?

Dans trois directions. Vers le Nord, durant sept siècles, le Maroc fut directement acteur dans la question d’Al Andalous, nom donné à l’Espagne musulmane. Au XVe siècle, une ligne d’influence partait de la Vallée du fleuve Sénégal au Sud, pour atteindre les Pyrénées au Nord.

La deuxième direction, c’est vers l’Est. Aux XIe, XIIe et XIIIe siècles avec les Almoravides et les Almohades, le Maroc a dominé tout le Maghreb. La troisième direction, c’est le Sud, en direction de l’Ouest africain ou Bilad Al Sudan, la souveraineté marocaine est effective. Elle est illustrée par la levée de l’impôt et par la nomination d’autorités administratives, c’est-à-dire des caïds, des pachas et gouverneurs. D’autre part, la prière du vendredi est dite au nom du sultan du Maroc.

Au début de notre entretien, vous précisiez que vous êtes historien, que vous travaillez sur la longue durée et non sur l’actualité immédiate. Quelle analyse, quelles constances retirez-vous de l’observation de cette domination du Maroc dans ce large espace?

J’ai compris que cette longue durée était favorisée par un élément fondamental. Le seul Etat-Nation existant en Afrique du Nord, à l’exception de l’Egypte, c’est le Maroc. Tous les liens économiques, politiques, culturels, religieux qui se faisaient entre ce Nord sahélien du Lac Tchad à l’Atlantique et projetés jusqu’à la façade méditerranéenne, passaient obligatoirement par le Maroc. La seule permanence historique sur 12 siècles, c’est le Maroc. Et l’exemple que je prends pour illustrer cette réalité, c’est qu’en 987, Hugues Capet, le premier souverain capétien, monte sur le Trône de France. A cette date, le Maroc qui est né au VIIIe siècle de l’ère chrétienne, sous la dynastie des Idrissides, a déjà deux siècles d’existence.

Venons-en au Sahara. Vous êtes ici à New York invité par le Council Foreign relations et l’American Moroccan Institute pour intervenir à un colloque consacré à ce dossier. Quel est le sens de votre intervention?

J’ai été avant ce colloque invité par l’Université Columbia pour intervenir sur le génocide du Rwanda sur lequel j’ai écrit un ouvrage, car j’ai eu accès à toutes les archives du Tribunal pénal international. Je suis en même temps invité par l’Université Yale où enseigne Mokhtar Ghambo, fondateur de l’American Moroccan Institute (AMI) qui, avec le Council Foreign relations, un institut américain de renom, organise le colloque sur le Sahara. Je présente toute la partie du background historique du Sahara. Ce que je dis, c’est qu’avant la période coloniale, le Sahara a toujours été économiquement lié au Maroc. Très tôt, Sijilmassa fut la métropole de l’Ouest saharien et son influence est relayée par les marchés de Goulimine et de Tindouf. Le Maroc est le moteur commercial de tout l’Ouest saharien et le point d’écoulement des marchandises en provenance de l’Ouest africain échangées contre ses productions artisanales ou agricoles. Le Maroc étendait son rayonnement au-delà du Tagart et le long des pistes du Sahara depuis l’arc du cercle Agadir-Sijilmassa-Touat, englobant à la fois les villes du Nord du Maroc et les vallées des Fleuves Sénégal et Niger. Dans cette vaste région qui allait de Tanger à la Vallée du fleuve Sénégal, l’influence marocaine se manifestait par la circulation d’une monnaie unique et par un même système de poids et mesures. Les marchandises circulaient sans entraves douanières, car il s’agissait d’échanges internes pratiqués dans les limites d’un seul ensemble culturel et économique. C’est dans la seconde partie du XIXe siècle que le Maroc connut de graves événements politiques et vit le pouvoir royal s’affaiblir. Le pays est alors dépecé par la France et l’Espagne. Le Sahara n’échappe pas à ce mouvement.

Ce qui nous fait penser que des pays comme la France et l’Espagne sont ceux qui connaissent le mieux les tenants et aboutissants historiques et politiques de ce dossier. Pourquoi l’Espagne s’est-elle tant intéressée au Sahara?

A cause de ses potentialités halieutiques. Grâce aux eaux salines des Iles Canaries qui permettaient la conservation et l’exportation du poisson, l’Espagne a eu rapidement une position régionalement dominante. Dès le XVe siècle, les Espagnols furent attirés par le littoral. Leur premier établissement sur cette partie du littoral saharien date de 1476 quand Don Diego De Herrera, seigneur de Lanzarote aux Canaries fit édifier un fortin qu’il baptisa du nom de Santa Cruz de Mar Pequena qui fut détruit par la suite par le sultan El Wartassi en 1527. En 1860, la guerre hispano-marocaine se termine à l’avantage des Espagnols qui s’emparèrent de Tétouan et qui dans le traité de paix, firent insérer l’article n° 8 qui leur permit de mettre la main sur le Sahara.

Il est notamment connu que la France a territorialement favorisé l’Algérie qui était à l’époque française aux dépens du Maroc. Vous avez beaucoup travaillé sur cette période de l’Histoire. Que pouvez-vous en dire?

La France a donné à l’Algérie des territoires entiers aux dépens d’un Etat historique qui est le Maroc. La première amputation date des débuts de la présence française en Algérie. Le 14 août 1844, l’armée française avait remporté la bataille d’Isly. Le traité de Tanger fut signé le 16 septembre 1844 et le 18 mars 1845, le traité de Lalla Maghnia fixe théoriquement la frontière algéro-marocaine. Des parties au territoire marocain seront détachées à l’Algérie. La deuxième amputation territoriale du Maroc date de la fin du XIXe siècle quand la conquête de l’Algérie entraîne les troupes françaises vers le grand Sud à Saoura, Goumara, Touat, Tide Kelt, Timimoun. Tous ces territoires sont historiquement marocains.

En 1903, le colonel Lyautey occupe Béchar en territoire marocain qui est une position importante puisqu’elle permet de contrôler le Haut Guir, les Oasis du Touat et les pistes du Soudan. Béchar, région marocaine détachée du Maroc, est rattachée à l’Algérie par la colonisation française. Le 27 juin 1900, une convention fut signée, délimitant et séparant les possessions françaises qui allaient constituer la Mauritanie et le futur Sahara espagnol. Une autre convention franco-espagnole sera signée en 1904 mais elle demeurera secrète jusqu’en 1912, date de l’établissement du protectorat français sur le Maroc.

Elle permettra le partage du Royaume en deux zones d’influence, l’une française au Sud et l’autre espagnole au Nord. Quant aux région d’Ifni et de la Saquia El Hamra, elles seront attribuées à l’Espagne. La troisième amputation du Maroc se produisit quand la France fixa les frontières sahariennes au profit de l’Algérie qui reçoit en héritage la plus grande partie du Sahara sur lequel elle n’avait, par définition, jamais exercé la moindre souveraineté L’Algérie a récupéré le Sahara que la France a réunifié et rattaché à son occupation.

Comment a réagi le Maroc?

La reconnaissance par le général De Gaulle du caractère algérien du Sahara créa de vives tensions. Pour le Maroc, il était clair que l’indépendance à venir de l’Algérie devait permettre de régler l’ensemble des problèmes frontaliers entre pays frères. Or, une fois indépendante, l’Algérie se posera en héritière territoriale de la France, refusant de reconnaître la réalité.

Comment expliquer l’apathie du Maroc?

Le Roi Mohammed V avait tenté auprès du GPRA de faire entendre raison aux Algériens. Pour moi, politiquement les Marocains n’avaient pas les mêmes méthodes que les Algériens. Les Marocains de vieille civilisation, de vieille culture, avec des traditions, pensaient que l’engagement et la parole donnée étaient importants. Peut-être, mais pas avec des pays neufs. On ne négocie pas avec des pays neufs comme avec des pays de tradition politique.

Le général De Gaulle était parfaitement conscient des problèmes créés par cette frontière totalement inacceptable. De Gaulle a alors proposé au Maroc, nous étions en 1960, une rectification des frontières.

Il voulait discuter avec le Maroc de la récupération de ses territoires que la France avait rattachés à l’Algérie. Les Marocains ont dit non. Ils ne voulaient pas, ont-ils expliqué, donner un coup de poignard dans le dos de nos frères algériens. Après l’indépendance, ont-ils souligné, nous traiterons avec un gouvernement algérien souverain. Un document a été signé entre le GPRA et l’Etat marocain. Au lendemain de l’indépendance, les Algériens n’ont tenu aucun compte de ce document et de cet engagement. Le GPRA est remplacé et les gens qui arrivent au pouvoir en 1962 ne s’estiment pas tenus par les accords passés avec le Maroc.

Là encore, les Marocains ont manqué de lucidité politique?

Non, les Marocains n’ont pas voulu de guerre pour récupérer leurs territoires. Pour le Roi Hassan II, une guerre qui n’assure pas au moins un siècle de paix ne doit pas être menée. Il va accepter les choses et demander à l’Algérie son soutien pour récupérer le Sahara.

Et une deuxième fois, l’Algérie va poignarder le Maroc. L’Algérie soutenue par l’Espagne et par la voix de Boumedienne veut un Etat sahraoui indépendant.

Alors que le Maroc s’était fermement opposé à la scission du Sahara algérien de l’Algérie, on sait même que Hamza Boubaker avait été pressenti pour diriger le Sahara algérien, l’Algérie va tout faire pour contrer le Maroc dans sa politique de réunification du pays. Pourquoi?

Il y a trois raisons. La première est géopolitique. Prenez et observez une carte. L’Algérie est un gros ventre avec une petite tête qui débouche sur la Méditerranée. La Méditerranée, c’est le Détroit de Gibraltar, c’est une mer fermée.

Le Maroc est totalement ouvert vers l’Atlantique. Avec le Sahara, le Maroc élargit encore plus son littoral et s’ouvre davantage au grand large.

L’Algérie est riche mais enclavée, le Maroc n’a pas les richesses de l’Algérie mais il est ouvert.

Deuxième raison, l’exportation des richesses notamment de Gara Jdiblet vers le Nord nécessite des coûts considérables. Un Etat vassal sahraoui est intéressant pour l’Algérie. Troisième raison, il y a en permanence une animosité de l’Algérie envers le Maroc, vieux pays à traditions.

Reste que les exigences de l’heure nous condamnent à rechercher une entente. Le Conseil de sécurité où siègent l’Algérie et l’Espagne ont voté une résolution qui préconise une solution politique mutuellement acceptable. Quelle analyse faites-vous de cette résolution?

D’une manière ou d’une autre, l’Algérie veut être intéressée. Le Roi Hassan II avait proposé plusieurs solutions. Notamment celle d’une voie ferrée, d’une zone franche L’Algérie a toujours refusé. Le jour où le Maroc aura récupéré le Sahara, les rapports politiques vont totalement changer au Maghreb. Le Maroc sera le pont géographique entre l’Ouest africain et l’Europe. L’Algérie n’a aucune vocation à avoir des accords proches avec l’Europe. Le Maroc va avoir plus que des accords d’association et de partenariat. En récupérant son Sahara, avec l’autoroute tracée, le Maroc redeviendra le pont naturel qu’il était dans son histoire entre l’Afrique et l’Europe.

Et là, nous revenons à la raison profonde de ce conflit du Sahara, à savoir la volonté laborieuse, tenace de couper le Maroc de ses racines africaines en créant un dossier artificiel, celui du Sahara

Nous revenons au début de notre entretien et de la réalité fondamentale historique.

Les Anglais ont un terme significatif: c’est, disent-ils, le bed rock de la question, la Roche en place de la question. Je ne suis pas politicien mais historien Je ne fais pas de prospective, mais je regrette beaucoup le président Mohamed Boudiaf qui était un homme d’Etat qui avait une vision pour la région fondée sur la paix et la démocratie des peuples et qui a été assassiné pour cela. Mais je reviens à mon métier d’historien qui me permet sur de longues périodes d’expliquer des faits. Il est certain que tant que la question du Sahara n’est pas réglée, il y aura un abcès. Reste l’autre question: l’Algérie a-t-elle intérêt à régler ce problème?

Certainement. Si l’on revient au plan OCRS que la France voulait remettre sur les rails, il y a intérêt à éviter une question kurde dans la région. Après tout, les Rguibat marocains sont les cousins des Rguibats algériens. Un Etat indépendant du Sahara devra se prolonger jusqu’à inclure le Sahara algérien. Que pensez-vous de ce projet OCRS?

C’est le projet de Khaddafi, géographiquement le projet est tout à fait viable. Cet Etat serait un tampon entre l’Afrique du Nord et l’Afrique Noire. Il voulait redonner vie à ce projet pour affaiblir ses voisins. Il est évident que quand on regarde le Sahara, ce n’est pas un désert. Dans la partie centrale et orientale, il y a un ensemble saharien, mais par le fait de ce pont historique dont je parlais, l’influence du Maroc est rattachée par les foires, les mouvements de commerce jusqu’à la Vallée du Sénégal.

Ceci est le passé, mis en avant par Allal El Fassi

L’histoire et le passé sont des éléments fondamentaux. Contrairement à ce que l’on croit, l’histoire est prégnante Et c’est là où les Américains ont perdu. A la fin de la guerre, les Américains ont dit « l’histoire est terminée. Nous allons imposer notre civilisation et notre mode de vie ».

Au Moyen-Orient, en Irak, ils échouent sur quoi? Sur la tradition, sur l’Histoire. Le projet fou de redessiner la carte du Moyen-Orient bâtie sur l’Histoire et sur le mouvement de résistance nationale. En Irak, les Américains ont réussi à faire rapprocher les bâathistes, les chiites, les sunites qui se rendent compte qu’ils appartiennent à une même nation. Tous les échecs de la mondialisation butent sur la réalité historique. La question du Sahara ne peut être comprise que si l’on regarde ce passé que les Algériens veulent nier.

L’histoire explique tout, légitime tout. Et toutes les crises sont fondées sur la discussion de l’Histoire.

Libération (Casablanca) – 10 Mai 2004