Devoir de vérité : Qui a tué les moines de Tibéhirine

juillet 12, 2009 by

N’importe quelle personne avec un minimum d’humanisme doit s’interroger sur les raisons de l’assassinat des moines de  Tibéhirine en Algérie. Le président Nicolas Sarkozy a assuré qu’il levrait le secret-défense sur tous les documents qui seront demandés par la justice française.. Alixis BREZET dans Le Figaro magazine du Samedi 11 juillet 2009 se pose les bonnes questions sans partie prise.

Leur mort, à la différence de celle du «roi de la pop», n’a pas été suivie d’un deuil planétaire, médiatique et obligatoire. Pour eux, ni cercueil doré à l’or fin, ni torrents de larmes cathodiques, ni cérémonie grandiose en mondovision. Leur héritage ne pèse pas son poids de millions de dollars : ils étaient riches seulement de leur foi et de leur pauvreté. Et pourtant, treize ans après, le sauvage assassinat de frère Christian, frère Luc, frère Christophe, frère Michel, frère Célestin, frère Paul et frère Bruno continue de susciter un écho douloureux dans le coeur des hommes de bonne volonté.Le martyre des moines de Tibéhirine, coupables d’avoir voulu témoigner de l’Évangile par la prière et la fraternité avec le peuple algérien, reste pour des millions de chrétiens et de non-chrétiens, de part et d’autre de la Méditerranée, une cause de scandale d’autant plus vivace qu’un troublant halo de mystère semble entourer les circonstances de leur disparition.

Il faut lire le témoignage précis et émouvant du père Armand Veilleux, ancien procureur général de l’ordre des Cisterciens, que nous publions cette semaine. Du récit circonstancié de celui qui fut le responsable des frères de Tibéhirine, une impression se dégage : celle que la vérité, piégée dans les entrelacs des rivalités de services, des complaisances judiciaires, des compromissions diplomatiques, des transactions politiques, a été, tout au long de ces années, volontairement laissée de côté. Comme si planait sur cette tragique affaire l’ombre d’un mensonge d’État.

Les sept religieux ot-ils été enlevé et massacrés par un commando du Groupe islamique armé, comme l’affirme la thèse officielle ? Ce groupe, ainsi que le soutient une deuxième thèse accréditée par certains témoignages, était-il lui-même «l’instrument» du pouvoir algérien (ou d’un clan au sein de ce pouvoir) qui aurait pu vouloir, en fomentant cet acte monstrueux, dresser l’opinion publique internationale contre le « péril islamiste » ? Les moines, selon une troisième thèse qui s’appuie sur la déposition d’un officier français révélée cette semaine par Le Figaro, sont-ils tombés sous les balles des militaires algériens lors d’une opération de « ratissage» qui aurait mal tourné ? Les mêmes auraient-ils commandité, ou perpétré, deux mois plus tard l’assassinat de Mgr Claverie, l’évêque d’Oran, coupable de s’intéresser d’un peu trop près à la question ? Les autorités françaises, par souci de ménager les services algériens dont la collaboration était jugée indispensable pour démanteler les réseaux terroristes à l’œuvre sur notre territoire, ont-elles tu ce qu’elles savaient ? Ont-elles préféré ne pas savoir ? Autant d’interrogations auxquelles la levée du secret-défense annoncée par Nicolas Sarkozy permettra, peut-être, d’apporter des réponses judiciaires. Au lendemain d’une décision analogue dans le dossier de l’attentat de Karachi (lui aussi mis un peu vite sur le dos des islamistes ?), on ne peut que se réjouir que soient levés, côté Français, les obstacles à la manifestation de la vérité.

Evidemment, côté algérien, l’affaire n’ira pas sans causer quelques difficultés. Prompt à exiger de la France les démonstrations d’une éternelle repentance (mais le ferait-il encore si notre pays, par lâcheté, ne l’y avait si longtemps encouragé ?), Abdelaziz Bouteflika n’est guère désireux que remontent à la surface les secrets de certaines compromissions avec les islamistes qui, depuis le temps de son prédécesseur Liamine Zeroual (au pouvoir à l’époque du drame de Tibéhirine), ont pris les apparences d’un véritable – et inquiétant – «compromis historique ». Pas plus qu’il ne souhaite que soit attirée l’attention des opinions européennes sur le sort des chrétiens d’Algérie, victimes, dans l’indifférence générale, d’une véritable campagne de persécution. Attendons-nous (c’est parti !) à de violentes attaques contre « l’esprit de vengeance » de la «puissance coloniale»…

Vengeance ? Aucun mot n’était pourtant plus étranger au vocabulaire des moines de Tibéhirine. Deux ans avant une mort qu’il avait par avance offerte en sacrifice, Christian de Chergé, le prieur de la communauté, dans un «testament » bouleversant, avait déjà pardonné à ses assassins. Mais le pardon n’est pas l’oubli. Il suppose la connaissance des faits : rien ne justifierait que l’on ensevelisse dans le linceul du mensonge les martyrs qui ont péri au nom de la vérité.

Manipulation saharienne

novembre 21, 2010 by

A la suite des graves incidents survenus le 8 novembre dans le campement Gdim Izik, près de Laâyoune dans le sud marocain, le Journaliste Frédéric Pons de l’hebdomadaire français « Valeurs actuelle », vient de livrer une analyse accablante impliquant sans aucun détour la responsabilité de l’Algérie dans les évènements.

Les graves incidents survenus le 8 novembre dans le camp de réfugiés sahraouis d’Edgim Izik, près de Laâyoune (sud du Maroc), s’expliquent par une manipulation des services algériens contre le Maroc.

Déclenchée à l’occasion du 35ème anniversaire de la Marche verte (6 novembre 1975), qui avait permis au royaume de récupérer la plus grande partie de l’ancien Sahara espagnol, cette flambée de violence (deux civils et une dizaine de policiers marocains tués) traduit la volonté d’Alger de torpiller la nouvelle réunion de l’Onu sur la proposition marocaine d’autonomie, tenue le 8 novembre. Ce même jour, des militants du Polisario, le mouvement sécessionniste sahraoui, dressaient le camp contre la police. Deux agents algériens infiltrés auraient été arrêtés.

 » L’objectif des fauteurs de troubles est créer un élément de déstabilisation et de saboter les négociations, tout en faisant porter au Maroc la responsabilité de tout échec « , expliquent Hassan Alaoui, directeur du quotidien marocain Le matin du Sahara, auteur de Guerre secrète au Sahara occidental (éditions Encre d’Orient), et Charles Saint-Prot, directeur de l’Observatoire d’études géopolitiques.

Dans cette affaire, l’Algérie n’est pas sereine. Principal soutien du Polisario, aidée par de puissants relais au sein de l’internationale gauchiste et communiste européenne, elle constate que la situation lui échappe : la communauté internationale se montre de plus en plus favorable au plan marocain d’autonomie ; Rabat et ses alliés marquent aussi des points sur le front de la sécurité, face à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) ; le Polisario subit enfin une grave hémorragie de militants, dont des figures historiques du combat sécessionniste. C’est le cas de Mustapha Salma Ould Sidi Mouloud, « inspecteur général de la police du Polisario », enlevé, disparu. Alger observe un silence gêné sur son sort et continue à interdire au haut-commissariat pour les Réfugiés l’accès aux camps sahraouis.

La dérive narcoterroriste du Polisario est un phénomène inquiétant pour l’avenir. Basés dans le sud algérien, équipés de 4×4 et d’armes, des « militants » du Polisario participent aux trafics clandestins entre l’Afrique noire et le Maghreb, à travers le Sahara. La France est directement concernée. Le noyau dur de ces trafiquants est en contact avec Aqmi, en guerre ouverte contre la France avec l’enlèvement d’otages français, retenus aux confins algéro-maliens. Le 2 novembre, le quotidien américain New York Post publiait une enquête de Richard Miniter faisant état de « liens établis entre 56 dirigeants politiques et militaires du Polisario et Al-Qaïda ». Jusque-là proche du Polisario, Miniter concluait ainsi son reportage : « le territoire sans loi du Sahara est en passe de devenir le prochain Afghanistan ».

Frédéric Pons
http://www.valeursactuelles.com/notre-opinion/notre-opinion/manipulation-saharienne20101118.html

Hassan II : « Tindouf faisait partie du royaume »

novembre 6, 2010 by

Un excellent article republié par l’hebdomadaire Jeune Afrique. C’est un article, archive pour l’histoire.

hassan II« Le drame du Maroc, c’est de n’avoir pas eu affaire à un seul colonisateur, mais à deux : les Espagnols et les Français ». Ainsi s’exprimait le roi du Maroc Hassan II, le 26 août 1985, dans une longue et exceptionnele interview accordée à notre collaborateur Hamid Barrada (J.A. n° 1299, du 27 novembre 1985). Dans ce texte, que nous re-publions aujourd’hui à l’occasion des 35 ans de la Marche verte, le roi explique la position du royaume chérifien sur le « Sahara occidental ». Un document historique.

C’est la première fois que le roi du Maroc s’entretient avec un journaliste marocain. La complaisance étant hors de propos, il ne restait qu’une familiarité commune avec l’affaire du Sahara qui s’est avérée particulièrement féconde, permettant d’aller au-delà des sentiers battus. L’entretien ne risquait-il pas toutefois de n’intéresser que les seuls initiés ? Le danger s’est trouvé écarté dans la mesure où le roi s’adressait précisément à un public profane et lointain. Ces déclarations ont été recueillies en effet pour figurer dans un film produit par l’Office national du film du Canada, qui doit s’insérer dans une série intitulée « Carnets du Maroc » du réalisateur Jacques Bensimon.

L’entretien s’est déroulé dans l’après-midi du lundi 26 août 1985 au palais de Skhirat, près de Rabat. Quelque deux heures avant le rendez-vous, l’équipe de l’ONF eut accès à l’immense salle du trône pour effectuer les préparatifs techniques. Un coin salon à droite paraissait mieux convenir à l’atmosphère décontractée, à la conversation à bâtons rompus qu’on souhaitait obtenir. A notre guise, nous procédâmes aux déplacements et déménagements devant les regards médusés des mokhazni (serviteurs du palais). Leur chef avait exigé qu’on se déchausse avant de pénétrer dans la salle du trône. Tel n’était pas l’avis de M. Abdelhaq Mrini, le directeur du protocole. S’ensuivit un docte échange entre les deux hommes dont nous n’avons pas attendu la conclusion — il faisait très chaud ! — pour obtempérer. La mise en scène achevée, quelqu’un a constaté que les deux interlocuteurs allaient fâcheusement bénéficier de deux fauteuils identiques, frappés de surcroît de l’écusson royal. On s’empressa de quérir un siège plus démocratique pour le journaliste.

Hassan II nous accueillit dans la cour couverte de tentures et donnant sur l’immensité de l’océan. En chemise rayée, pantalon rouille, sandales de toile, il « tomba » la veste assortie et nous demanda si son costume convenait : « C’est l’été, n’est- ce pas ? » Puis, sans plus tarder : « Allons-y ! » A l’intention de la cour, une vingtaine de dignitaires et de familiers, il lança sur un ton enjoué : « Vous pouvez assister à condition qu’on ne vous entende pas ! » Suivant le souverain, la cour s’ébranla pour s’asseoir des deux côtés d’une longue table installée à gauche. L’atmosphère n’était ni compassée ni solennelle. « Silence, on tourne ! » lança quelqu’un. Le roi taquina son conseiller, Ahmed Réda Guédira, qui toussait : « Tu fumes trop ! »

J’avais assisté à plusieurs conférences de presse de Hassan II. Mais rien ne remplace la perception débarrassée des aléas — et des parasites — de la distance. Entre le roi que j’avais devant moi et celui que j’imaginais, la disparité est astronomique. Il y aurait beaucoup à dire. On me permettra de m’en tenir à une chose. Ne serait-ce que parce qu’elle jure avec les contes et légendes qui circulent sur lui. Si Hassan II sacrifie à la tyrannie, c’est d’abord à celle qu’il exerce sans partage sur lui-même.
Visiblement, cet homme frêle et courtois s’assigne à chaque instant de gouverner son royaume intérieur pour être en mesure — pour mériter ? — de gou­verner l’autre. Pour tout dire, le vingt et unième représentant de la dynastie alaouite tient davantage du sage chinois que du prince arabe.

En soulignant ces traits qui sautent aux yeux, le souci de la vérité n’est pas seul en cause. Il y va aussi, me semble-t-il, des causes profondes du conflit du Sahara, lesquelles ont une connotation psychologique certaine.

Les voisins qui sont censés se connaître s’affrontent et s’étripent, parce qu’ils tournent le dos à leurs vérités respectives. Or Hassan II n’hésite pas à dire que le président Chadli « aime les Marocains ».

Il le tient visiblement en haute estime et rien ne le fera démordre de cette opinion qui s’assimile à une option stratégique. A l’en croire, le roi n’a pas désespéré de trouver un terrain d’entente avec Chadli.

Deux révélations donnent cependant la mesure de sa propre marge de manœuvre. Il confie en termes camuséens qu’il avait décidé, au cas où la Marche verte eût échoué, d’abdiquer. En second lieu, il lève le voile sur la parade du Maroc à la stratégie d’usure élaborée par l’adversaire. La guerre du Sahara s’est avérée une bénédiction du ciel. Disposant de l’armée « la plus opérationnelle en matière de guerre du désert », il entend jouer un rôle, si besoin est, dans cette région explosive et fragile à souhait.

Mais Hassan II n’est pas le shah d’Iran. Ses propos sur une éventuelle intervention des FAR (Forces armées royales) dans le Golfe nous paraissent à la fois comminatoires et didactiques à l’adresse de tous ceux qui croient que le conflit du Sahara, en s’éternisant, va entraîner l’effondrement de l’économie du royaume, et du royaume lui-même par la même occasion. Le roi signifie qu’il existe, à la réflexion, un bon usage de ce conflit — non seulement le Maroc s’en accommode fort bien, mais il peut en tirer profit. Donc disponibilité pour la paix avec l’Algérie telle qu’elle est si elle veut bien se convertir à une politique de bon voisinage, mais aussi option, s’il le faut, sur une guerre interminable qui révèle ses propres vertus.

Le roi met deux fers au feu afin d’être dans les meilleures conditions pour traiter. L’avantage c’est qu’on sait à quoi s’en tenir et l’on se prend à rêver : si Chadli pouvait, lui aussi, parler à cœur ouvert !


hassan IIUne du J.A. n° 1299, paru le 27 novembre 1985.
© J.A.

Jeune Afrique : Majesté, si vous aviez à raconter l’affaire du Sahara à un enfant, disons à votre petit-fils, comment vous y prendriez-vous ?

Hassan II : Une question difficile, ne serait-ce que parce que je n’ai pas encore de petit-fils ? En vérité, l’affaire du Sahara était d’une limpidité telle que, pour l’adversaire, il s’agissait de miner le chemin marocain de contre-vérités et de désinformation. Or, de nos jours, l’opinion publique, avec le matraquage constant de l’audiovisuel ou de la presse écrite, est plus sensible à ce qui n’est pas clair qu’à ce qui l’est. Alors, je vais essayer d’être le plus clair et le plus concis possible.

Le Maroc, de tout temps, n’a jamais réclamé que ce qui lui appartient. Ainsi Tindouf, par exemple, faisait partie intégrante du territoire marocain jusqu’au début des années cinquante, puisque, lors des cérémonies de l’Aïd El-Kébir et de l’Aïd Seghir, le pacha de cette ville — je l’ai vu de mes propres yeux — venait faire allégeance devant mon père. Mais, lorsque nous sommes partis en exil, le 20 août 1953, Tindouf, entre autres, nous a été enlevée pour être rattachée à l’Algérie. C’est que la France pensait que l’Algérie ne serait jamais indépendante. Après notre retour d’exil, l’ambassadeur de France au Maroc, M. Alexandre Parodi, est venu demander à mon père en substance : « Le général de Gaulle vous propose de constituer une commission pour discuter des frontières marocaines. » Mon père a répondu : « Il n’en est pas question. Je suis sûr, ajouta-t-il, que lorsque l’Algérie sera indépendante ses dirigeants nous rendront justice et accepteront d’en discuter avec nous. » Les choses se sont passées autrement : non seulement nos voisins et frères algériens n’ont rien fait pour discuter des frontières orientales, mais, à la première occasion, ils ont essayé d’empêcher le Maroc de récupérer son Sahara.

Si je parlais à mon petit-fils, je lui dirais tout simplement que ce Sahara a toujours été lié au Maroc par les liens de l’allégeance et que, chez nous, souveraineté et allégeance (beïa) sont une seule et même chose. Sans remonter au déluge, Moulay Hassan, mon arrière-grand-père, est allé jusqu’à Oued Noun. Il n’a pas continué plus au sud, mais il y a envoyé son chambellan porter les traitements mensuels aux hauts fonctionnaires de la région. Moulay Abdelaziz a chargé le même chambellan, qui a chevauché les deux règnes et vivait au palais jusqu’après la mort de mon père, de cette mission.

En vérité, le drame du Maroc, c’est d’avoir eu affaire à deux colonisateurs : les Espagnols et les Français. Si nous avions eu la chance de n’en avoir qu’un seul, nous aurions soldé de tout compte notre affaire du nord au sud. Malheureusement, il nous a fallu négocier le remembrement du Maroc morceau par morceau. Après la rétrocession par l’Espagne de Tarfaya [10 avril 1958] puis de Sidi Ifni [30 juin 1969], il ne restait que le gros morceau du Sahara. Nous avons introduit la question aux Nations unies au lendemain de notre indépendance. A l’époque, il n’y avait ni Algérie ni Mauritanie, et c’est plus tard que la notion de « partie concernée » ou « intéressée » est apparue. Le résultat est que ce qui était clair, limpide, ce qui aurait dû être réglé bilatéralement, comme le reste, entre le Maroc et l’Espagne est devenu comme d’un coup de baguette magique, je dirais maléfique, un sujet dont on fait un cas d’expansionnisme, de massacre, de génocide.

marche vertePendant la Marche verte, le 6 novembre 1975.
© Graeme-Baker / SIPA

Majesté, puisque c’est l’intrusion de l’Algérie qui est à l’origine de la complication de l’affaire du Sahara, pourquoi le Maroc n’a-t-il pas saisi l’occasion de l’accord frontalier de 1972 pour lier la question des frontiè­res à l’affaire du Sahara, de manière à amener le voisin à tenir ses engagements ? Et, lors de la guerre des sables en 1963, l’armée marocaine se trouvait devant Tindouf, pourquoi avez-vous ordonné au général Driss Ben Omar de battre en retraite ?

Je commencerai par la deuxième question. J’estimais qu’il ne fallait pas créer entre les deux pays un point de fixation morbide. En second lieu, Tindouf en elle-même ne m’intéresse pas. Elle est intéressante sentimentalement, mais elle ne constitue ni un nœud de voies stratégiques, ni un lieu de passage obligé. Vous me direz qu’elle contient du fer et c’est vrai. Mais ce fer est piégé : s’il ne passe pas par le Maroc, il ne peut passer nulle part. Enfin, aucune ville, marocaine ou algérienne, ne mérite une guerre. Je vous dirai plus, et qui est totalement inédit : je n’ai pas arrêté le seul général Driss, mais également le général Kettani. Il m’a dit : « Si Votre Majesté veut faire la prière à Oran vendredi prochain, nous y serons. » J’ai réponde : « Non, ce n’est pas la peine, puisque nous ne pouvons pas y rester ! » Non, vraiment, ce n’était pas la peine de creuser la tombe d’une amitié qui paraissait à l’abri de toute contingence.

Est-ce qu’un président algérien, dans une situation comparable, mais inverse (l’ar­mée algérienne devant Oujda), aurait donné le même ordre à ses généraux ?

Ce que je puis vous dire, c’est que les autorités algériennes ont osé mettre à la porte de l’Algérie, en 1975, quarante-cinq mille Marocains, dans des conditions effroyables. Voilà ce que les Algériens ont fait sur le plan civil ; sur le plan militaire, je ne sais pas.
Revenons à 1972…

En 1972, nous n’avions aucun problème avec l’Algérie. La position de Boumedienne était claire : il n’avait aucune prétention sur le Sahara. La Mauritanie faisait tout pour ne pas avoir de frontière commune avec le Maroc. Et cette hantise a habité les dirigeants mauritaniens jusqu’à la fameuse rencontre entre les présidents Ould Daddah et Boumedienne à Colomb Béchar [// novembre 1975]. Le président Boumedienne a cru bon d’injurier le président Ould Daddah. C’est à partir de ce moment que, de leur côté, le Maroc et la Mauritanie ont vécu plus qu’intimement. Auparavant, en octobre 1974, au cours du sommet arabe de Rabat, l’affaire du Sahara était venue sur le tapis et le président Boumedienne avait déclaré au nom de son pays : « Pour moi, il n’y a pas de problème au Sahara ; l’Algérie considère que cette affaire est purement maroco-mauritanienne, ni plus, ni moins. » Mais, par la suite, les dirigeants algériens ont sorti la thèse de l’autodétermination. « Les Sahraouis, soutenaient-ils, sont nos voisins. Nous ne pouvons pas parler du droit à l’autodétermination du peuple vietnamien, qui se trouve à dix mille kilomètres, et ne pas le défendre à nos frontières. » Tout est parti de là. C’est l’escroquerie du siècle !

Est-ce que l’affaire du Sahara n’a pas des soubassements psychologiques ?

Si c’était le cas, cela prouverait que nos voisins ne sont pas arrivés à la maturité voulue. S’il s’agissait d’une affaire psychologique, ce serait dramatique et très inquiétant pour nous. Je pense plutôt que les difficultés viennent de ce que nous devons apprendre à vivre ensemble. Jusqu’à présent Marocains et Algériens vivaient ensemble mais, si vous voulez, selon les lois de la nature, de l’histoire, du voisinage. Sans plus. Il y avait d’un côté un État marocain et de l’autre l’Algérie qui se trouvait sous la tutelle de la Sublime Porte et par la suite est passée sous l’occupation française. À la recherche d’un lieu musulman pour, justement, garder sa personnalité, le peuple algérien avait naturellement tendance à se rapprocher du Maroc. Aujourd’hui nous avons affaire, non plus au peuple algérien, mais aux autorités algériennes. Les choses changent…

 

marche vertePour Hassan II, la Marche verte était une idée d’« ancien manifestant. »
© Graeme-Baker / SIPA

Le Maroc a eu des contacts, des pourparlers ou des négociations avec l’Algérie. Sur quoi les choses ont-elles achoppé ?

Mais sur un point précis : le gouvernement algérien devait se sortir de la contradiction ou il s’était mis. Il avait affirmé qu’il n’avait pas de prétention sur le Sahara, qu’il ne faisait que réclamer l’application du principe d’autodétermination. Lorsque le Maroc a proclamé son accord sur l’autodétermination, les Algériens se sont retrouvés en porte-à faux, piégés par la réalité. Qu’ils laissent faire le référendum et l’affaire est perdue pour eux. Qu’ils le refusent et les voilà en contradiction avec eux-mêmes.

Ne croyez-vous pas que l’infiltration au Maroc de commandos « terroristes » en juillet der nier marque un changement de la stratégie algérienne ?

Ce n’est pas la première fois que les Algériens agissent ainsi ; ils l’ont déjà fait en 1973, et ce malgré nos bonnes dispositions à leur égard. En effet, en 1972, nous avons signé ensemble le traité sur les frontières qui attendait seulement d’être ratifié. Il n’y a avait pas de parlement à l’époque et j’avais dit au président Boumedienne : « Je peux ratifier le traité, constitutionnellement j’en ai les pouvoirs, mais je pense qu’il vaut mieux que vous ne passiez pas par la fenêtre, mais pas la grande porte. Les élections auront lieu en 1973 et je ferai ratifier le traité sur les frontières par le parlement. Ainsi vous serez à l’abri de toute contestation. » Or voilà que le 4 mars 1973, des commandos infiltrés à partir de l’Algérie parviennent jusqu’à Moulay Bouazza dans le Moyen-Atlas. Il a fallu envoyer contre eux des forces assez importantes. Il s’est avéré par la suite que certains services algériens avaient tout planifié et exécuté.

La grande différence entre les deux opérations est qu’en 1973 l’onjectif des commandos était de créer des désordres nominalement connus : nous savions qui allait tirer sur qui. Tandis que cette fois, il s’agissait de terrorisme dans ce qu’il a de plus affreux. On place une bombe dans un sac de papier ; avec un système de télécommande à distance, on la fait exploser sur une plage, un stade d’athlétisme ou de football, ou encore dans un cinéma, puis on se sauve comme un lâche en laissant des dizaines de victimes. Cela défie toute morale et même la simple virilité. Le Maroc n’a mis en cause que la Direction de la Sécurité militaire (S.M.), mais il est certain que ce n’est pas n’importe quel organisme et je souhaite que le président Bendjedid tire les conclusions qui s’imposent.

Je suis confiant parce que, quand il a été, pendant plus de dix ans, commandant de la région militaire d’Oran et qu’il avait sous son autorité la zone frontalière. Je peux le dire, le président Chadli aime les Marocains. Nous n’avons jamais eu de problème avec lui, même lorsque les choses allaient mal entre Alger et Rabat. Donc, j’espère que le président Bendjedid réagira afin que de telles choses ne se reproduisent pas. Sinon nous serons conduits à renvoyer la balle à l’Algérie. Nous pourrions le faire aisément, ce n’est pas le recrutement qui manque, mais je n’ai pas envie de jouer au tennis dans ce domaine !

Peut-on savoir qui est l’auteur des murs ?

Il n’y a pas d’auteur particulier. Nous nous sommes rendus compte que le Sahara n’était pas le Vietnam, par exemple. On peut passer partout, il n’y a guère de points de passage obligés. Il fallait donc mieux, dès qu’une localité était occupée et sécurisée, créer des points de passage obligés. Par la suite, constatant que ce que nous avons réalisé ainsi d’une façon empirique sur certaines zones donnait de bons résultats, nous avons envisagé l’édification des murs, englobant des points stratégiques particuliers. Le plus difficile a été de sécuriser le Sakiat Al-Hamra. C’est un fromage de gruyère avec des sommets qui vont jusqu’à 1200 mètres où l’on peut cacher des divisions entières. Après le mur de la Sakiat Al-Hamra, nous nous sommes occupés de la Hamada, avant de redescendre vers ce qui est plus facile.

Cette guerre n’est-elle pas une bénédiction dans la mesure où le Maroc, doté d’une armée désormais puissante, pourrait peser sur les affaires de la région ?

Je peux dire sans forfanterie que, sur le plan de la guerre du désert (je ne parle pas de la guerre dans les Ardennes ou dans les plaines européennes), l’armée marocaine est, sinon la meilleure, du moins la seule au monde vraiment opérationnelle.

Même si on la comparaît à l’armée israélienne ?

L’armée israélienne a fait des guerres du désert qui ont duré la plupart du temps huit, dix jours sur des distances courtes avec des objectifs ponctuels. Sans lui enlever ses mérites militaires, elle n’a jamais eu à conquérir, occuper et sécuriser l’étendue et la nature des territoires que nous sécurisons. La comparaison n’est pas fondée.

marche verteQuelque 350 000 Marocains participent à la Marche verte.
© Patrick Frilet / SIPA

Qu’auriez-vous fait en cas d’échec de la Marche verte qui, elle, si je ne me trompe, est votre œuvre ?

D’abord, la Marche verte n’est pas l’idée de Hassan II chef d’Etat, mais de Hassan II ancien manifestant, du jeune homme qui, en 1944, a manifesté comme tous ceux de sa génération. En 1975, j’ai pensé : pourquoi est-ce qu’on ne pourrait pas faire à nouveau une manif, une grande manif à l’échelle de 350 000 habitants ? Puis, je me suis dit : pourquoi exposer les gens à la mort ? Envoyons-les avec le Coran et le drapeau. Quel est le fou sanguinaire qui oserait tirer sur des hommes et des femmes désarmés ? Naturellement, j’avais envisagé l’échec et je dois vous dire que le jour où l’on m’a annoncé la réussite, que les marcheurs étaient rentrés du Sud, j’ai regardé mon pays d’un tout autre regard. J’avais l’impression d’y renaître, car, si la Marche verte avait échoué, j’avais décidé de le quitter…

Vous dites bien, le quitter ?

Oui, le quitter, car je n’aurais plus eu le courage moral de regarder en face le moindre de mes sujets et de mes compatriotes. Quand j’en parle aujourd’hui, je suis encore ému, car je sais ce que c’est que de quitter son pays. J’en ai été privé deux ans et demi, et vous connaissez l’attachement païen que j’ai pour ma terre, pour mon ciel, pour l’eau, pour les plantes de mon pays. J’avais pourtant envisagé de partir. Comme le prévoit la Constitution, le pouvoir aurait été dévolu au Conseil de régence durant la minorité du prince héritier. Mais, grâce à Dieu, nous sommes là.

Majesté, la Marche verte, les murs, tout cela a quelque chose de chinois… Vous faites la guerre sans oublier la paix…

Oui, dans l’Antiquité, il y avait une façon chez les Chinois de faire la guerre sans la faire. Il arrivait, comme le raconte Sun Tzu [dans l’Art de la guerre], que, deux grandes armées se trouvant face à face, les rois ou les empereurs en conflit faisaient l’économie de la guerre. Ils se rencontraient sous la tente, convoquaient leurs généraux et se contentaient de simuler les combats. « Bon, disait l’un, vous avez vos archers sur cette colline, moi j’ai mon infanterie ici ; vous avez votre cavalerie à droite, moi, mes chars à tel endroit. Alors, si je fais ce mouvement, qu’allez-vous faire ? — Dans ce cas, j’agirais de la sorte. — Mais si vous me contournez par mon aile droite, je peux foncer sur votre centre… » Et ainsi de suite. Ils faisaient la guerre comme avec des soldats de plomb. Lorsque l’un des deux l’avait emporté, le vainqueur était reconnu comme tel, le vaincu acceptait ses lois et la « guerre » prenait fin sans qu’une seule goutte de sang ait été versée…

marche verteLe principe de la Marche verte : lever une armée pacifique.
© Patrick Frilet / SIPA

Pourquoi n’avez-vous pas agi de la sorte avec Chadli quand vous l’avez rencontré le 26 février 1983 ?

Parce que jamais l’Algérie n’a considéré que c’était elle qui combattait !

Mais les Chinois sont très didactiques. N’y a-t-il pas moyen d’enseigner la paix à l’Algérie ?

Les Chinois sont les Chinois, les Nord-Africains sont les Nord-Africains, on n’y changera rien.

Le traité que vous avez signé avec le colonel Kaddafi, au mois d’août 1984, n’est-il pas surtout favorable à la Libye : Kaddafi a cessé son aide au Polisario qui, de toute façon, semblait perdant en échange d’une crédibilité dont il n’aurait peut-être jamais rêvé ?

Vous savez, lorsqu’on constitue une société commerciale ou un holding, on ne peut pas savoir si ce sera une affaire florissante avant deux ou trois ans. A plus forte raison lorsqu’il s’agit de deux États qui étaient aux antipodes l’un de l’autre, qui avaient à réapprendre à dialoguer, à échanger des idées, des biens et des personnes. Il est encore trop tôt pour faire le bilan du traité d’Oujda. En ce qui me concerne, si je m’étais rendu compte, au cours de cette année, que l’accord ne servait pas mon pays, je ne l’aurais pas renié, mais j’aurais demandé à l’amender.

Des particpants à la Marche verte brandissent les drapeaux marocains et américains.
© Patrick Frilet / SIPA

Le conflit du Sahara est-il un conflit local, régional ou un conflit ayant des tendances idéologiques et des dimensions planétaires ?

Ecoutez, je vais vous donner un point de vue géostratégique. Prenons les côtes de l’Afrique. Vous avez peut-être remarqué qu’il y a des problèmes partout où i! y a de longues côtes : Somalie, Angola, ou encore Maroc avec le Sahara. En règle générale, dès qu’il y a des milliers de kilomètres de côtes, il y a des problèmes. De là à dire que les Grands sont intéressés, il n’y a qu’un pas. De là à penser que les conflits ne font que refléter les convoitises suscitées par les richesses halieutiques entre riverains, il n’y a qu’un pas. En réalité, selon l’état d’esprit, l’humeur ou la spécialité de l’analyste, on a affaire à un conflit bilatéral, régional ou impliquant les deux Grands. Du reste, je poserai la question aux deux Grands, puisque je suis mandaté par le sommet arabe pour leur présenter la situation du monde arabe, ses volontés, ses espérances. Et je profiterai d’une parenthèse pour les interroger, comme cela, face à face, sur le problème du Sahara…

http://www.jeuneafrique.com/Article/ARTJAWEB20101106114203/hassan-ii-tindouf-faisait-partie-du-royaume.html

La peine de mort au Maroc : En attendant une décision royale

octobre 10, 2010 by

L’abolition de la peine de mort fait débat au Maroc depuis plusieurs années. Les tribunaux marocains continuent à prononcer des peines de mort* mais aucune exécution capitale n’a eu lieu dans le royaume depuis 1993. Depuis cette date le royaume observe un moratoire de fait. De même, le roi Mohamed VI a gracié à plusieurs reprises des condamnés à mort qui ont vu leur peine se transformer en peine à perpétuité.

Chaque année à l’approche de la journée mondiale contre la peine de mort, le débat reprend de plus belle. Mais chaque année le Maroc laisse la communauté internationale avec un sentiment de frustration car chaque année le pays parait tellement proche pour sauter le pas sans qu’il ait suffisamment de courage pour le faire. Les attentes de la communauté internationale peuvent également se comprendre car le Maroc est le seul pays arabo-musulman qui soit candidat pour l’abolition et qui représente par ailleurs la locomotive régionale en matière du respect du droit de l’homme. En effet, l’abolition de la peine de mort au Maroc ne laissera sans doute pas indifférents  les autres pays de la région, notamment la Tunisie dont le modèle est  similaire à celui du Maroc. Les tunisiens qui étaient précurseurs en matière du droit de la femme auraient du mal à accepter une telle contradiction. En Algérie qui accuse beaucoup de retard en matière du respect du droit de l’homme, l’abolition de la peine de mort au Maroc permettrait éventuellement d’ouvrir enfin le débat, certainement pas par conviction mais tout simple parce que tout qui se passe au Maroc intéresse forcement ce pays. Dans les pays du golf comme l’Arabie Saoudite où l’exécution publique au sabre représente encore une attraction populaire, il n’y a aucune chance pour que ce débat ne soit d’actualité un jour. Mais, la Jordanie regarderait sans doute avec attention l’expérience marocaine.

Par ailleurs, le Maroc a ratifié le Pacte International sur les Droits Civils et Politiques, la Convention sur les Droits de l’Enfant, la Convention contre la Torture et les traitements et punitions cruels, inhumains ou dégradants, et a signé le statut de la Cour Pénale Internationale (qui interdit le recours à la peine de mort). Cela signifie qu’en maintenant la peine de mort, le Maroc se retrouve dans l’illégalité par rapport à ses engagements internationaux.

Cette année la pression sur le Maroc pour qu’il abolisse la peine de mort est montée d’un cran. En effet, dans un communiqué l’Union Européenne vient d’appeler le Maroc à abolir la peine de mort en indiquant « qu’une telle décision serait la démonstration de valeurs partagées avec l’Union européenne qui constituent la base du développement de ses relations avec le Maroc, dans le cadre du statut avancé ». L’appel ne peut être plus clair et apporte de l’eau au moulin des abolitionnistes marocains, surtout lorsque l’on sait à quel point le Maroc est sensible aux recommandations de son premier partenaire.

Sur le plan interne, la persistance de la peine de mort représente une aberration juridique et une contradiction flagrante avec le discours officiel pourtant sur le respect du droit de l’homme, la réforme pénale et la réinsertion des détenus.

En 2005, le ministre marocain de la Justice tout en se prononçant en faveur de l’abolition, déclarait que la société marocaine n’était pas encore prête à franchir le pas. Il avait préconisé une abolition par étapes. Depuis cette date le paysage social marocain s’est métamorphosé et les marocains ont gagné en maturité. On assiste à l’émergence d’une classe moyenne, un recul significatif de l’alphabétisme et la consolidation de l’Etat de droit. Aujourd’hui la société marocaine est majoritairement acquise à l’abolition de la peine de mort. Cette adhésion n’est rien d’autre qu’une réponse naturelle à sa propre mutation.

La résistance en faveur du maintien de la peine du mort est jusqu’à présent orchestrée par les islamistes, notamment le Partie Justice et du Développement (PJD), qui surfaient sur une idée manifestement diffamatoire et outrageuse envers l’islam. Selon eux, la peine de mort serait en conformité avec les percepts de l’Islam qui représente l’un des fondements de la législation marocaine. Curieusement, ces islamistes semblent être absents du débat public actuel sur le sujet. Connaissant le tapage médiatique que seuls les islamistes ont en le secret, cette absence pourrait être interprétée comme un revirement de position, ce qui signifie encore que tout report supplémentaire de l’abolition ne peut désormais être dû qu’à l’inertie et à l’autocensure des politiques. Dans le passé, certains débats sur des sujets sensibles, comme la Moudawana (le nouveau de la code de la famille), ont pris plusieurs années avant que le roi décide d’y mettre fin. Avec la persistance de la peine de mort dans un contexte qui est favorable à son abolition, les marocains se retrouvent,  encore une fois de plus, otages des politiques qui s’installent dans la stérilité du débat et qui se plaisent à se réduire en mineurs en attendant que le roi décide pour eux.

Adil B.

* L’article 16 du Code pénal marocain prévoit la peine de mort par fusillade pour l’homicide aggravé, la torture, le vol à main armée, l’incendie criminel, la trahison, la désertion, et enfin l’attentat à la vie du roi.

André Azoulay: L’architecte de la préservation de l’héritage juif marocain

juin 20, 2010 by

Jeune Afrique : Extrait de l’article publié dans Haaretz, quotidien israélien

J’ai rencontré peu de gens aussi admirables qu’André Azoulay, conseiller de longue date du roi du Maroc. Lui et sa femme, Katia, sont nés à Essaouira, la seule ville du monde arabe à avoir été majoritairement juive. L’attitude et les propos d’André Azoulay témoignent de sa noblesse et de sa perspicacité. Lorsque je l’ai rencontré pour la première fois, il y a vingt-cinq ans, j’ai téléphoné à l’hôtel où il était logé, à Jérusalem, et demandé à parler à M. Azoulay. « Est-ce qu’il travaille à l’hôtel ? » m’a demandé le réceptionniste, visiblement incapable d’imaginer qu’un dénommé Azoulay puisse être un client.

Lors de notre rencontre en avril, il était abattu et perturbé. Pour la première fois au cours de sa longue carrière de conseiller de Hassan II, puis de son fils Mohammed VI, l’actuel monarque, Azoulay a été accusé d’être un agent du Mossad par un avocat local, Khalid Soufiani, un militant de la cause palestinienne.

Azoulay a un parcours impressionnant. Il a fondé le groupe Identité et Dialogue, l’un des premiers cercles à avoir appelé à des négociations entre Palestiniens et Israéliens dans les années 1970, et il a, tout au long de sa carrière, plaidé pour la paix entre Juifs et Arabes. Il s’est toujours senti fier de son identité juive tout en étant un patriote marocain. Tout compte fait, il est étonnant qu’il n’ait pas été accusé plus tôt de travailler pour le Mossad. Après tout, être juif et conseiller du roi dans un pays arabe n’est pas banal, d’autant qu’il a possédé une maison en Israël.

Les journaux du royaume ont immédiatement défendu Azoulay. De son côté, il n’a pas hésité à participer, en avril, au dîner annuel du Club Mimouna, une association qui a pour but de préserver l’héritage culturel juif au Maroc. L’entrée de l’auditorium était ornée d’une grande inscription en hébreu, et le secrétaire d’État au Tourisme était présent à la cérémonie d’ouverture. Je n’en croyais pas mes yeux. Décidément, le Maroc se révélait très différent de ce que j’imaginais. À Fès, par exemple, le cimetière juif est mieux entretenu que n’importe quel cimetière musulman d’Israël, et la synagogue de la ville a été restaurée, à l’initiative d’Azoulay, évidemment.

Gideon Levy

L’algérie persécute les défenseurs des droits de l’homme sur son territoire et en devient l’avocat au maroc (diplomate)

avril 5, 2010 by

Genève,16/03/10- L’Algérie harcèle et persécute les défenseurs des droits de l’homme sur son territoire et en devient l’avocat au Maroc, a indiqué, mardi, l’ambassadeur représentant permanent du Maroc auprès de l’Office des Nations unies à Genève, M. Omar Hilale, devant la 13ème session du Conseil des droits de l’homme (CDH) de l’ONU.

Il a indiqué que le pacte international sur les droits civils et politiques que l’ambassadeur algérien a invoqué contre le Maroc est, malheureusement, violé au quotidien par son pays.

M. Hilale qui répondait à l’ambassadeur algérien, qui avait critiqué la situation des défenseurs des droits de l’homme dans les provinces du sud du Maroc, a fait savoir que les défenseurs des droits de l’Homme auxquels le diplomate algérien a fait allusion sont des agents que son pays manipule et finance et dont les chancelleries algériennes organisent les activités à travers le monde.

L’ambassadeur algérien sait très bien que ces gens ont toujours profité de leur marocanité, des droits et de la démocratie que leur garantit le Maroc, a expliqué le diplomate marocain, ajoutant que ces personnes ont pu se déplacer librement à l’étranger et rentrer dans le Royaume en toute quiétude et sans être inquiétées, tant que leurs activités restaient dans les normes internationales en vigueur et en conformité avec la loi marocaine. Cependant, a-t-il fait remarquer, il a été établi que ces individus complotaient avec une puissance étrangère que l’ambassadeur algérien connaît très bien, dans le but d’une déstabilisation programmée et progressive de l’ordre et de la sécurité au Maroc. Il a rappelé à ce propos que la législation marocaine, à l’instar des autres pays, prévoit des mesures adéquates et conformes aux standards internationaux pour sanctionner les actes d’intelligence de tout citoyen marocain avec les puissances et les organisations étrangères. Dès lors, a-t-il dit, ils ne sont plus des défenseurs des droits de l’Homme, mais des activistes politiques qui doivent répondre de leurs actes devant la Justice.

M. Hilale a soutenu que les authentiques défenseurs marocains des droits de l’Homme exercent librement leur mission et interpellent leur pays sans jamais être inquiétés, car, a-t-il dit, le Maroc est un pays de droit qui assume pleinement ses choix démocratiques irréversibles, ce qui n’est nullement le cas de l’Algérie.

Il a indiqué que la Communauté internationale n’est pas dupe ni sur la situation des droits de l’homme en Algérie, ni sur les motifs réels de sa campagne d’instrumentalisation des droits de l’homme au Maroc, notamment dans le contexte de la dynamique de négociations enclenchée grâce à l’initiative marocaine d’autonomie pour la région du Sahara marocain.

Après avoir invité l’ambassadeur algérien à se préoccuper, en premier lieu, du traitement que son pays fait subir à ses propres défenseurs des droits de l’Homme, M. Hilale a étayé ses propos en citant des passages d’une lettre que M. Hocine Ait Ahmed, président du Front des Forces Socialistes, avait adressée, le 9 décembre 2009, au Haut Commissaire aux Droits de l’Homme, Mme Pillay.

Dans cette lettre, M. Ait Ahmed a notamment souligné que le souci qui motive la campagne que le pouvoir algérien mène en faveur des défenseurs des droits de l’Homme au Maroc, ne s’explique nullement par le respect des droits des peuples et particulièrement le respect de la personne humaine et la protection des défenseurs des Droits de l’Homme. Il a aussi indiqué que « depuis des années, le peuple algérien est empêché de s’exprimer librement », jugeant « scandaleux le traitement réservé en Algérie aux militants pour la démocratie et aux défenseurs des Droits de l’Homme », a précisé M. Hilale.

Il a noté que le témoignage de M. Ait Ahmed constitue un véritable réquisitoire par un leader politique algérien du discours tendancieux de l’Algérie sur le Maroc et un appel au gouvernement algérien à défendre et à promouvoir les droits de l’homme en Algérie.

L’ambassadeur marocain s’est, en outre, référé au rapport du réseau euro-méditerranéen des droits de l’homme sur « la liberté d’association dans la région euro-méditerranéenne », de décembre 2009, qui avait indiqué que « les défenseurs des droits de l’Homme continuent de faire régulièrement l’objet de harcèlement administratif ou judiciaire » en Algérie.

Il a aussi fait savoir que plusieurs ONG ainsi que la presse algérienne et internationale ne cessent de dénoncer le traitement dégradant que l’Algérie réserve aux leaders politiques Kabyles tant en Algérie que lors de leurs déplacements à l’étranger pour défendre leurs aspirations autonomistes. Certains d’entre eux sont même interdits de retour en Algérie, devenant ainsi des apatrides de facto, a-t-il dit.

source: MAP

Sahara : il faut revisiter l’histoire

avril 5, 2010 by

Il faudra sans doute beaucoup de détermination et de persévérance à Miguel Angel Moratinos, ministre espagnol des Affaires étrangères pour mener une nouvelle tentative de médiation entre Alger et Rabat lors de la réunion des ministres des Affaires étrangères des pays 5+5 prévue à Malte le 15 avril prochain .

Le climat de tension savamment orchestré par la diplomatie algérienne connaît en effet un pic jamais atteint jusqu’ici, qui n’augure d’aucun résultat pour cette louable initiative, à l’exception d’une montée en puissance d’une animosité qui confine à une haine implacable, au point où certaines chancelleries, au vu du surarmement de notre voisin, craignent tout simplement un conflit armé.

L’agitation diplomatique algérienne, a pris des dimensions planétaires avec les comités de soutiens de jeunes, de femmes, de militants de tout acabit s’élargissant à l’échelle de l’Afrique, de l’Amérique Latine et bien sur de l’Europe où Alger par tout les moyens,tente de miner le statut avancé du Maroc, et les progrès enregistrés avec la proposition d’autonomie, en faisant pression auprès des députés européens sur les questions de la pêche, des droits de l’homme, de la redistribution des richesses…Tout observateur analysant les coups de boutoirs d’Alger remarquera que sa diplomatie ne prend même plus la peine d’utiliser des intermédiaires et agit directement de front, ramenant ce conflit à sa juste mesure, un conflit entre le régime algérien et le Maroc.

Qu’attendre dés lors de cette énième initiative de médiation, cette fois venant de Madrid ? Comment convaincre le président Bouteflika au « soir de sa vie » que sa politique mènera rapidement à la création d’un Kurdistan dans la région ? Que le coût de cette impasse qui pèse très lourdement sur les peuples du Maghreb mais aussi sur les pays de l’Europe du Sud risque également de plomber durablement cette région avec une résurgence de turbulences dans tous les pays des rebelles touaregs, sahraouis et autre membres de telles ou telles factions dans le sud de l’Algérie, au Mali, au Niger, au Tchad en Mauritanie… où la question saharienne déborde des frontières et où les groupes armés locaux allument les feux et les contre feux ?

Selon ses ambitions, le régime algérien a réussi jusque là à interférer dans les problèmes de la région et tente de réaliser des équilibres géographique et politique toujours selon son plan d’hégémonie, bénéficiant en cela des actions de l’ancien projet français de l’OCRS .Un projet qui à l’époque du colonialisme français, devait séparer l’Algérie de son Sahara n’eut été la solidarité de feu S.M. Mohammed V pour qui la solidarité avec le peuple algérien primait sur toute considération fut elle dans son intérêt. Un évènement récent qui risquerait de passer inaperçu prend aujourd’hui toute son importance. L’arrangement technique sur la duplication des archives conservées dans les Centres d’archives françaises, signé la semaine dernière à Rabat, entre le Haut commissariat aux anciens résistants et anciens membres de l’armée de libération et le secrétariat d’Etat français aux anciens combattants pourrait aider à comprendre ce passé récent mais aussi le présent.

Les archives sous forme de microfilms retraçant l’histoire franco-marocaine constituées de 6.153 vues sont mises à la disposition des chercheurs nationaux et Mr Ktiri a déclaré que « Le Haut commissariat avait dépêché, à cinq reprises, un groupe de chercheurs spécialisés qui a pu sélectionner et choisir quelque 520.390 pages/documents sur les 20 millions de documents conservés dans les Centres d’archives françaises ». La déclaration de l’ambassadeur de France mérite également que l’on s’y attarde .Pour M. Bruno Joubert, « Partager la mémoire, requiert l’appréhension de l’histoire qui représente un facteur de progrès pour l’avenir, a-t-il estimé, relevant qu’un tel partage est de nature à contribuer à faire face aux menaces qui guettent la liberté et les valeurs communes ». Cette histoire récente nous rappelle aussi deux chiffres clés avancés par l’administration coloniale et les historiens qui donnent à réfléchir : en 1920, la superficie des départements français d’Algérie était estimé à 575 000km2.A son indépendance en 1962, elle compte 2 400 000km2, la France y ayant rattaché la plus grande partie de l’Afrique saharienne française et du Maroc saharien oriental .Des chiffres que M. Moratinos devrait méditer en relisant l’histoire récente de notre région.

source : http://www.temoust.org/sahara-il-faut-revisiter-l,14186

Najlae Lhimer, les petits mensonges d’une clandestine

mars 14, 2010 by

Najlae Lhimer, une clandestine marocaine expulsée le 20 février dernier vers le Maroc, est revenue en France le 13 du même mois, après l’intervention de Nicolas Sarkozy. A l’occasion de la journée de la femme, celui-ci s’était dit « prêt d’accueillir Najlae en France si elle le souhaite ». A son retour en France, elle a été reçue en starlette à  l’aéroport d’Orly. Tout un petit monde qui se bousculait pour se prendre en photo avec la clandestine la plus célèbre de France. Cette mascarade qui donne une idée de désolation sur l’inégalité des individus devant les lois de la république.

Toute le monde essaye de tirer profit de cette histoire. Des associations des droits de l’Homme qui se rappellent de leur rôle dans le cas de cette fille alors qu’elles brillent par leur absence devant les réels drames humains des irakiens, des kurdes, des afghans et des africains. Certains politiciens quant à eux s’invitent à la recherche des miettes à la veille des élections régionales, qui n’intéressent d’ailleurs personne. L’incroyable couverture médiatique du cas Najlae Lhimer contraste avec le désintérêt des journalistes pour les SDF parisiens. C’est vrai que présenter un SDF à 20h n’est pas beau à voir, c’est à la limite de l’agressivité journalistique. Cette fille leur donne l’occasion de présenter un drame propre.

Mais ce qui est intriguant se sont les déclarations de l’intéressée. Najlae Lhimer se dit qu’elle avait fuit le Maroc en 2005 pour s’échapper à un mariage forcé organisé par son père. C’est un argument qui alimente l’émotion, les clichés, voire l’ignorance des français envers certains pays comme le Maroc. Pourtant, pourvu que l’on s’intéresse un petit peu à ses déclarations à la lumière de la loi au Maroc pour que l’on réalise que cette fille n’est rien d’autre qu’une petite menteuse.

Le nouveau code de la famille au Maroc (la Moudawana) est rentré en vigueur en février 2004. Il a porté l’âge de la majorité à 18 ans, soit l’âge légal du mariage. En outre ce même code précise explicitement qu’une femme ne peut se marier contre son gré. La Moudawana a fait tellement de bruit et considérée comme l’une des plus grandes réussites du roi du Maroc qu’à 14 ans aucun juge au Maroc (Ladoul)  n’aurait accepté de la marier.

Ses petits mensonges viennent également du fait qu’en 2005 elle avait des parents et des amis, mais curieusement en 2010 ils se sont volatilisés. Elle se dit qu’elle n’a plus de liens avec le Maroc.  Une façon de dire qu’elle bien intégrée en France. Dans les médias marocains qui ont pris la peine d’enquêter sur place, on apprend qu’elle vient d’une famille nombreuse assez aisée. Ses parents sont toujours en vie et sont meurtris par les mensonges de leur fille. Pour  pouvoir justifier son cas et rester en France, Najlae Lhimer renie donc toute sa famille et ses amis . Et pour accabler ses parents, elle déclare visiblement heureuse de ce qui lui arrive, qu’elle reviendrait au Maroc « pour revoir les gens qui l’ont aidée ».

Mais à quoi peut-on s’attendre d’une fille qui avait choisi de se porter clandestine à l’âge de 14 ans avec une éducation parentale inachevée ? pas à grand chose, la preuve que même à 19 ans, elle n’a pas encore compris ce que signifie la dignité. Pour elle c’est sans doute un concept réservé aux grands. 19 ans n’est à priori pas assez pour le devenir et encore moins pour l’être.

Code de la famille marocain : http://www.justice.gov.ma/MOUDAWANA/Codefamille.pdf

Maroc : Pendez-le haut et court

janvier 21, 2010 by

Depuis plusieurs années de véritables réseaux internationaux de propagandes anti-marocaines structurés ont été mis en place dont la seule mission est de déstabiliser le Maroc, porter atteinte à ses institutions, remettre en question son intégrité territoriale et mettre en difficulté ses relations avec ses amis traditionnels, notamment la France et l’Espagne. Sur Internet c’est une vraie bataille qui est livrée aujourd’hui contre le Maroc. Ces réseaux sont activés aux rythmes des campagnes pour instrumentaliser d’une façon abject et immorale le moindre fait divers dans les provinces du sud du Maroc. La manœuvre consiste à crier au scandale et enclencher la machine des protestations diplomatiques au niveau international.


Dans la dernière affaire de Aminatou Haïdar, on a mesuré toute l’efficacité de ces réseaux. Aussi, une dame marocaine d’un niveau intellectuel très modeste au discours décousu, qui insulte des fonctionnaires de l’Etat, déchire et piétine son passeport en présence du procureur du roi, s’est retrouvée par miracle hissée au rang d’une grande pacifiste, d’une grande défenseuse des droits de l’homme et dont le niveau intellectuelle ferait d’elle une bonne candidate au prix Goncourt. Une énorme supercherie médiatique a ainsi efficacement été orchestrée dont le seul but est de discréditer les acquis démocratiques du Maroc.

L’analyse des différentes campagnes médiatiques mène systématique au même foyer; l’Algérie. Ce pays parait jouer le rôle de chef d’orchestre dans chaque campagne. La présence de ce pays garantie un financement généreux des actions médiatiques. On retrouve également au cœur de ces compagnes les mêmes organes de presse notamment Le Monde (quotidien français) et El Mundo (quotidien espagnol). La présence des organes médiatiques aussi puissants au sein de ces réseaux garantie un très large écho des campagnes anti-marocaines. A ce dispositif médiatique permanent se griffent occasionnellement certains politiciens nordiques qui ont une vision complètement tronquée du Maroc pour ne pas dire du Monde et des héritiers de la dictature franquiste qui n’ont jamais pardonné au Maroc sa marche verte, sans oublié l’agonisant parti communiste français qui préfère perpétuer le combat d’un certain Georges Marchais contre le Maroc. La presse algérienne qui n’a rien de presse si ce n’est le nom, est là pour nous rappeler tout ce que l’être humain pourrait incarner de méprisant, de haineux et de primitif. Cette presse a fait du Maroc son fond de commerce, même si l’Egypte partage occasionnellement avec le Maroc la vedette, lorsque Aljazira s’invite au plat marocain attirée par le sang tel un charognard pour attiser sa macabre réputation.

Les raisons de l’Algérie sont bien connues. Ce pays manifeste une hostilité envers tous ses voisins sans exception, mais c’est envers le Maroc que son hostilité tourne quasiment à l’obsession. Les raisons de la participation des organes de presses internationaux cités plus haut sont en revanche difficiles à comprendre, mais il faut croire qu’ils y trouvent sans doute un moyen pour régler certains comptes avec le Maroc. Le traitement particulier du Maroc devient si important pour eux que certains journalistes s’y sont improvisés spécialistes. Aussi, au journal Le Monde par exemple un certain Jean-Pierre Tuquoi s’est spécialisé dans le dénigrement du Maroc et ses institutions. Ce journaliste qui à défaut de se faire une place par la plume essaye de se la faire par la déprime. Il nous a prédit la fin de la monarchie marocaine, mais voilà que les marocains n’ont jamais été aussi monarchistes qu’aujourd’hui. Ce journaliste de petite envergure ne ratte aucune occasion pour dénigrer le Maroc en ruminant en permanence le même discours de mensonges et de désinformations délibérés que sa disciple, une certaine Florence Beaugé, se fait un grand plaisir de remixer et de resservir à sa propre sauce.

Force est de constater que ces réseaux sont tellement efficaces, que l’Algérie a partiellement réussi son entreprise, puisque d’une part ce dernier temps le Maroc est injustement accusé de tout bord de « violations graves de droit de l’homme », et d’autre part elle a réussi à faire oublier au monde ce qui se passe chez elle en matière des violations institutionnalisés des droits de l’homme sous prétexte de la lutte contre le terrorisme.

Mais comme dit-on tout vient à temps à celui qui sait attendre. Lorsque le Maroc vient d’être classé dans le rapport 2010 de Freedom House sur la liberté dans le monde, en tête des pays du Maghreb en matière des droits politiques et des libertés civiles, et d’être reconnu par sa volonté politique de promouvoir la situation des droits de l’homme par Amnesty International, l’Algérie quant à elle vient d’être mise sur la liste noire des pays exportateurs du terrorisme par les Etats-Unis et la France au même titre que la Somalie. Cela raisonne comme une invitation pour chacun à retrouver sa place, mais certainement pas à la même tribune.

Adil B.

Bouteflika ruine l’Algérie pour amoindrir le Maroc

janvier 11, 2010 by

Après plusieurs semaines de léthargie, Abdelaziz Bouteflika est parti en Espagne mettre encore plus à mal le statut géopolitique et les intérêts de l’Algérie pour satisfaire son ego personnel. Vestige encore vivant de la politique de guerre froide, Bouteflika continue de ligoter la diplomatie algérienne à sa phobie de la monarchie marocaine.

Dans la déclaration commune des travaux de Madrid du 7 janvier, on ne retient dans le verbiage diplomatique qu’un seul marchandage. Le bradage du gaz algérien contre une simple promesse de soutenir «le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui».

Pour arracher cette déclaration de principe qui ne coûte rien à Zapatero, Bouteflika a posé sur la table des négociations le gazoduc sous-marin Medgaz classé par l’Espagne comme projet prioritaire. Alors que les travaux sont pratiquement achevés, la mise en service du projet reste tributaire de deux dossiers lourds: le prix du gaz et la part qui revient à Sonatrach dans la commercialisation en Espagne et en Europe des 8 à 16 milliards de m3/an qui transiteront à terme par ce gazoduc. (1)

Même le lourd contentieux de Gassi Touil, qui coûte à l’Algérie un retard considérable, a été pardonné et balayé d’un revers de main. On rappelle que ce mégaprojet gazier intégré GNL, initialement confié aux firmes espagnoles Repsol et Gaz Natural, avait été saboté. Les espagnols voulaient retarder sa réalisation tant que le gazoduc Medgaz ne serait pas opérationnel et les contrats de livraison sécurisés.

On ne sait toujours pas quelle est la part du gaz dans les recettes d’exportation d’hydrocarbures. L’indexation de son prix sur celui du pétrole cause à l’Algérie des fluctuations perturbantes et des pertes énormes que personne n’a pu chiffrer, en raison de l’opacité de gestion de Sonatrach, le secret des contrats commerciaux et l’absence totale de débat sur ce sujet sensible. Bouteflika et son ministre de l’énergie Chakib Khellil ont même contrarié la proposition russo-iranienne de créer une OPEP du gaz pour définir et défendre une stratégie de prix. (2)

José Luis Rodriguez Zapatero, qui entame son semestre à la présidence de l’UE, est placé en première ligne pour négocier au mieux les intérêts gaziers de l’Europe. Il est donc prêt à signer des deux mains n’importe quelle déclaration que lui demandera Bouteflika, même sur l’autodétermination des aborigènes d’Australie ou des pingouins de l’Antarctique.

Comme le cadeau gazier ne suffit pas, la déclaration de principe relève que «l’Espagne est devenue l’un des investisseur de référence en Algérie et souhaite stimuler davantage les investissements espagnols dans des secteurs moteurs de développement en Algérie». Bouteflika souhaite que «les entreprises espagnoles participent et s’impliquent dans le vaste programme national algérien d’équipements publics 2010-2014», c’est-à-dire jusqu’à la fin de son mandat. Le peu d’hommes politiques et de parlementaires conscients en Algérie se doivent de dénoncer le bradage du gaz et des intérêts algériens dans une opacité totale, et remettre en cause ce que cache cette déclaration de Madrid.

En fait, Bouteflika n’a qu’une seule obsession: que l’ex-colonisateur espagnol et voisin maghrébin l’accompagne dans le combat de sa vie contre son pays natal pour que le Maroc continue à souffrir.

Il est tellement honteux de son origine marocaine qu’il a effacé son lieu de naissance, Oujda, qui était auparavant mentionné dans sa biographie sur le site de la présidence algérienne (www.elmouradia.dz).

Il a lié la politique énergétique de l’Algérie au destin de quelques enturbannés d’un Polisario fantôme présidé depuis 33 ans par un marocain, et dont la plupart des membres fondateurs ont réintégré le royaume.

Saâd Lounès

Algérie : Ce grand pays des droits de l’homme !!

décembre 19, 2009 by

Actuellement, le régime algérien mène une campagne à grande échelle pour faire passer le Maroc pour une grande dictature. L’avalanche des articles dans les médias algériens et les conférences successives organisées à Alger consacrés aux droits de l’homme dans les provinces marocaines du sud, laissent à penser que ces provinces vivent au rythme des arrestations, des tortures et où l’Etat de droit a cédé place à l’arbitraire. Cette exploitation du thème des droits de l’homme par l’Algérie laisse perplexe pour deux raisons. Ce pays s’indigne des « graves violations des droits de l’homme au Maroc », alors qu’il est loin d’être une référence en la matière. Bien au contraire, actuellement parmi les pires violations des droits de l’Homme dans le monde sont enregistrés en Algérie. Aucune ONG ne peut s’aventurer en territoire algérien. La connivence de certaines organisations algériennes censées  défendre les droits de l’homme en Algérie avec le régime en place était manifestement flagrante lorsque le président de la commission consultative pour la promotion et la protection des droits de l’Homme, Farouk Ksentini, déclarait en avril 2008 : « Comment peuvent-ils nous demander le moment où nous permettrons aux délégués de la commission onusienne de visiter l’Algérie ? L’Algérie n’est pas un gourbi, où quiconque peut venir à n’importe quel moment ».  Cette déclaration a été faite au moment même où la police tabassait les médecins et les fonctionnaires en plein centre d’Alger.

Durant la guerre civile meurtrière qui ravage le pays depuis les années 90 et qui est décrite par l’ex-officier algérien Habib Souaïdia dans son livre « la sale guerre », plus 200 000 personnes avaient été tuées. Des dizaines de milliers d’entre elles étaient des civils, hommes, femmes et enfants, qui sont morts lors d’attaques meurtrières. Des milliers de personnes ont été torturées en détention. Des milliers d’autres ont disparu après leur arrestation par les forces de sécurité ou ont été enlevées par des groupes armés et exécutés sommairement. Sous prétexte de la lutte contre le terrorisme, le champ est libre à toute forme de tortures et aux liquidations physiques. Plusieurs témoignages de villageois concordants rapportent que plusieurs massacres ont été perpétrés par des militaires ou des paramilitaires déguisés en islamistes.
Dans la grande majorité des cas, les autorités n’ont rien fait pour éclaircir les circonstances des crimes et traduire leurs auteurs présumés en justice. Mais, il est difficile de demander à un régime d’éclaircir certains crimes, lorsque ce même régime est soupçonné de fermer les yeux, de contribuer ou d’organiser ces crimes. Actuellement, le régime algérien cherche désespérément à couvrir les soldats criminels qui ont assassinés les moines de Tibéhirine. Ces moines ont été enlevés dans la nuit du 26 au 27 mars 1996. Seules leurs têtes avaient été retrouvées, le 30 mai 2009. Au lieu de traduire les criminels devant la justice, le régime algérien a une explication toute faite qui ne convainc personne. Il attribue ce massacre au Groupe islamique Armé (GIA) de Djamed Zitouni.

En 2005, le président algérien Abdelaziz Bouteflika a fait passé une proposition  d’une amnistie générale, vendue sous le label de la « réconciliation nationale »,  pour les auteurs d’atteintes aux droits humains commis lors de la guerre civile. Son but était de racheter la paix à tout prix sur la base d’un calcul purement électoral quitte à priver définitivement les victimes et leurs familles de leur droit à la justice. Bouteflika a ainsi empêché des notions de justice et de responsabilisation devenir des éléments de la transition vers la paix, faisant de la violation des droits de l’homme une variable intrinsèque dans la mode gouvernance du pays. En avril 2005, plusieurs organisations internationales de défense des droits humains notamment Amnesty International, Human Rights Watch, le Centre International pour la Justice Transitionnelle, la Commission internationale de juristes et la Fédération internationale des Ligues des droits de l’homme, ont protesté contre cette proposition, mais cela n’y a rien changé. Bouteflika a amnistié des assassins et des violeurs, mais l’Algérie n’a jamais retrouvé la paix. Les massacres d’algériens sont encore quotidiennes, mais elles n’intéressent plus les médias internationaux et sont reléguées aux faits divers dans les médias nationaux.

S’exprimant dans le cadre d’une conférence organisée en février 2009 à Naples (sud d’Italie) pour débattre de la situation des droits de l’Homme dans les pays du Maghreb, Madame Nassera Merah, responsable au sein de la Ligue Algérienne des Droits de l’Homme, affirmant que la pratique de la torture est très répandue en Algérie. Elle a indiqué que « tous les droits sont bafoués en Algérie et il n’y a aucune possibilité de protester ou de faire prévaloir le droit, et que la démocratie de façade est en vigueur ». La militante algérienne a fait savoir que sa ligue fait l’objet de pressions à l’intérieur du pays qu’elle est interdite de visiter les prisons et de prendre contact avec les délégations étrangères.

Ce triste registre algérien ne s’arrête pas là. A Tindouf dans le sud ouest du pays, ce sont des milliers de marocains éparpillés dans des camps à perte de vue. Dans ces camps l’humanité a cessé d’exister. Des hommes et des femmes à qui on a volé la jeunesse. Des enfants, des adolescents et des jeunes qui n’ont aucun avenir. Tout ce monde s’observe et attend… quoi ? … rien … de qui ? de personne.

Peut être six œufs et un kilo de riz par semaine de la part des organisations humanitaires complices de ce drame par leur silence. Ces populations sont privées de leurs droits les plus élémentaires dont le droit à la liberté de mouvement. Elles sont entre les mains d’un régime sans scrupule qui les présente comme des victimes de « l’occupation marocaine au  Sahara occidental ». Tindouf c’est une prison à ciel ouvert où les vivants enterrent leurs morts en attendant leur propre tour, sans aucune possibilité de la quitter sans se faire tirer dessus. Seuls les enfants quittent provisoirement les camps pour faire de la charité en Europe ou pour les camps d’endoctrinement à Cuba. Les ONG qui brillent par leur tapage lorsqu’il s’agit des affaires médiatisées dans le monde ne se bousculent aux portes de Tindouf. Elles sont incapables d’organiser un simple recensement ne serait ce que pour rationaliser les aides qu’elles fournissent. Ces aides qui se retrouvent curieusement sur les étalages des marchés d’Alger et non dans les assiettes de ceux à qui elles étaient destinées. Ces organisations se contentent visiblement de cette situation avec une impression du devoir humanitaire accompli.

Dans ses rapports annuels, à propos de la situation des droits de l’homme Amnesty International, fait souvent état de graves violations dans les camps de Tindouf. Cette organisation accuse le régime algérien de son acharnement à verrouiller l’accès aux camps pour les défenseurs des droits de l’homme internationaux, de sa volonté délibérée à maintenir le black-out sur les violations en séries des droits de l’homme sur son territoire, et de ses manquements en matière de la protection des réfugiés.

Les témoignages des réfugiés qui ont fui les camps et des anciens détenus marocains libérés sous la pression internationale dépassent l’imagination. Sur une vidéo qui circule sur le net un ancien prisonnier marocain, Abdellah Lahmani, qui a été enlevé par un commando armée près d’Agadir au Maroc et qui a été détenu dans les camps durant 23 ans, raconte l’implication directe des officiers algériens dans les rapts et la torture des détenus marocains. En une seule phrase il a résumé ce qui se passe dans ces camps de la honte : « je n’ai jamais imaginé que des hommes pourraient atteindre un tel niveau de barbarie », faisant référence à son propre calvaire qu’il raconte avec beaucoup de dignité. Son souhait est de traduire les officiers algériens responsable de sa torture devant un tribunal international.

Si les témoignages des réfugiés qui ont fui les camps et des anciens détenus marocains libérés racontant les mêmes atrocités n’ont généralement pas beaucoup d’écho au niveau international, un documentaire de deux journalistes les australiens, Violeta Ayala et Daniel Fallshaw, a fait le tour du monde. Sans doute parce que la parole d’un journaliste occidental qui raconte ce qu’il a observé vaut mieux que celui d’un marocain qui raconte ce qu’il a vécu. Toujours est-il que ces deux journalistes qui sont partis à Tindouf pour réaliser un film documentaire sur les familles séparés, ont été surpris par des scènes d’esclavage. Leur documentaire a ainsi pris un tournant inattendue pour témoigner d’une réalité actuelle moyenâgeuse cruelle. Ils ont ainsi pu recueillir de nombreux témoignages confirmant l’existence de cette pratique à grande échelle.  Le Polisario espérait sans doute un documentaire de propagande supplémentaire. Les deux journalistes ont été arrêtés par la sécurité du Polisario, mais ont été finalement libérés après intervention du ministère australien des affaires étrangères.

Il est donc difficile d’accorder un quelconque crédit en matière de défense des droits de l’homme à un pays au registre si peu glorieux et qui traîne avec lui l’image désastreuse d’un des régimes les plus sanguinaires de la planète. Un régime où l’histoire, la morale et la pudeur n’ont aucun poids pour représenter un obstacle devant les déclarations calamiteuses. Aussi, Mourad Medelci (ministre des affaires étrangères algérien) n’a pas hésité à évoquer dernièrement, devant le Conseil des droits de l’homme (CDH), des prétendues violations de droits de l’homme au sahara marocain, se préoccupant ainsi du sort des marocains mais oublie le sort des siens.

Le cynisme atteint son paroxysme lors de la mobilisation générale du régime algérien dans l’affaire de la séparatiste marocaine Aminatou Haïdar. Cette mobilisation n’a pas laissé indifférent Hocine Aït Ahmed, fondateur et président du Front des Forces Socialistes (FFS) (parti de l’opposition algérien). C’est l’un des icônes de la scène politique algérienne connu par son intégrité et par son franc-parler. Le 09 décembre 2009, il interpelle les instances onusiennes en adressant une lettre à Navanethem Pillay, haut-commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme au sujet du sort réservé aux militants des droits de l’homme dans son pays. Dans cette lettre il s’indigne du silence complice de cette organisation et accuse l’Union Européenne de fermer les yeux sur les graves violations des droits de l’homme dans son pays. Hocine Aït Ahmed se dit victime d’un harcèlement policier, administratif et judiciaire permanent. Il accuse son pays d’user d’un double langage en faisant référence à la mobilisation générale au niveau national et international du régime algérien pour défendre la cause de Aminatou Haïdar et en même temps le peuple algérien est empêché de s’exprimer librement. Hocine Aït Ahmed va encore plus loin en affirmant que les représentations diplomatiques dans son pays sont sous contrôle. Ce silence onusien et européen contraste avec l’hyper activisme de l’UN et de l’EU au Maroc au sujet des droits de l’homme au Maroc.

Adil B.